Le président du Haut Conseil de l'éducation, chargé de définir le socle commun des connaissances, n'était pas a priori l'homme de la situation. Quatre mois après sa nomination, Bruno Racine semble avoir pris goût au débat sur l'école.

Au panthéon du monde de l'éducation, Paul Langevin et Henri Wallon siègent aux côtés de Jules Ferry et de Célestin Freinet. Synonymes de réforme, leurs noms symbolisent les bouleversements souhaités au lendemain de la Libération. Des espoirs de démocratisation et de justice qu'ils ne virent pas de leur vivant.

Nicolas Sarkozy a promis la rupture. A Xavier Darcos, nouveau ministre de l'éducation nationale, et Valérie Pécresse, chargée de l'enseignement supérieur, de la mettre en oeuvre.

Accompagner les élèves après les cours, les aider à faire leurs devoirs entre 16 heures et 18 heures : l'une des mesures phares du gouvernement sera effective à la rentrée des vacances de la Toussaint.

Adulée par les Français, l'école maternelle apparaissait comme le fleuron du système éducatif. Pour la première fois, un rapport du haut Conseil à l'éducation égratigne l'icône.

Quête identitaire ou fuite de l'échec scolaire, nombre de familles, élèves ou enseignants font école à part. Faute de tenir ses promesses d'intégration, l'école républicaine est obligée de composer avec des communautés qui veulent avoir droit de cité.

La condition enseignante est en chantier. Sous couvert de lui redonner sa respectabilité d'antan, le chef de l'Etat ne fait pas mystère de son prof idéal : l'enseignant selon Sarkozy a des missions repensées, un temps de travail annualisé et un salaire modulé selon les tâches qu'il acceptera ou non de prendre en charge, en plus de ses heures de cours.

L'école peut-elle faire l'économie de la révolution numérique ?

De nombreux enseignants sont en grève pour protester contre un ensemble de mesures gouvernementales. Ces "réformes" s'inscrivent dans un contexte plus large de privatisation rampante de l'enseignement afin d'en faire - comme La Poste, les transports, la culture, l'information, la protection sociale... - un simple marché.

Face aux protestations, le gouvernement français a finalement reporté certains aspects de la décentralisation de l'éducation nationale, mais il matraque les professeurs grévistes en leur imposant de très fortes retenues de salaire.