L'ambition de Gauguin était sans limites. Le 1er février 1895, Strindberg écrivait : « Gauguin le sauvage a quelque chose du Titan qui, jaloux du Créateur, fait sa propre petite créature. » Cette démiurgie s'accompagne chez lui d'une contestation virulente de la société contemporaine, de sa morale de convention et de ses hypocrisies. Nul, à l'époque, n'a poussé jusqu'à ce point la « sauvagerie » qu'il revendiquait à la fois comme contestation sociale et politique, et comme désir d'absolu pour retrouver une force primitive.

L'art brut est à l'honneur cet hiver à Paris : deux expositions majeures lui sont consacrées et nous invitent à repenser la genèse de cette catégorie esthétique. Sommaire. Aux origines de l'art brut. L'art brut comme refuge des récits. Un lieu ouvert à l'altérité. Entre le visible et le lisible. A la rencontre des fous littéraires. Bonnes feuilles : "Nannolicus Meccanicus Saint avec cellule photoélectrique" de Fernando Oreste Nannetti. Les bâtisseurs de l'imaginaire. La "Quinzaine" (re)lit et regarde... Lecture de psychanalyste.

Degas fut, avec Mallarmé, l'artiste contemporain dont Valéry parla le plus. Ayant eu le privilège d'être invité fréquemment chez le peintre à partir des années 1890, il lui consacra de façon posthume un petit ouvrage aussi pertinent qu'étonnant : «Degas Danse Dessin». Celui-ci constitue le fil conducteur de l'exposition que le musée d'Orsay consacre au peintre à l'occasion du centenaire de sa mort.

Le Guggenheim de Bilbao accueille Pollock et consorts, c'est-à-dire les croisés d'une peinture américaine libérée des diktats européens, qui prendra le nom-valise d'expressionnisme abstrait. Couleur, mouvement, énergie sont les dénominateurs communs d'une école qui se laisse mal enfermer dans une définition univoque.

"Picasso primitif", jusqu'au 23 juillet 2013 au musée du Quai Branly. L'exotisme, ce n'est pas mon affaire, confiait Picasso. Et d'en remettre une louche, à la fin des années 1910 : "L'art nègre ? Connais pas!". Un mensonge ? Plutôt une façon de botter en touche. Car Picasso bien entendu n'ignore absolument pas ce que sont les arts extra-européens.

Mal connue, la dynastie qajare, qui succède en Iran aux Safavides, occupe le pouvoir de 1786 à 1925 et établit Téhéran comme capitale. Le musée du Louvre-Lens consacre une exposition, mise en scène par Christian Lacroix, à la production d'un siècle qui voit la Perse basculer dans la modernité.

Plus d'un demi-siècle après la dernière rétrospective parisienne, voici à nouveau rassemblé l'essentiel de l'oeuvre d'Eugène Delacroix (1798-1863). Les grands tableaux du Louvre côtoient des merveilles issues de multiples musées français ou étrangers. Tout un monde fabuleux ...

De Kupka à Malévitch, les artistes d'Europe Centrale et orientale ont joué un rôle majeur dans l'essor de l'abstraction, à une époque où la géographie de la modernité connaît de profondes transformations. Trois expositions parisiennes reviennent sur cette période héroïque.

Georg Baselitz est l'un des derniers grands peintres d'un siècle hors normes, engendrant des génies pour dire l'horreur et le sublime qui se déroulèrent entre 1914 et 2001. C'est aussi un peintre à dimension humaine, comparé à Picasso dont les oeuvres s'élèvent au nombre de 120 000, alors que Baselitz a peint environ 2 700 tableaux et exécuté quelques centaines de dessins. Deux prestigieux musées de Bâle et des environs le célèbrent à l'occasion de ses 80 ans: la Fondation Beyeler et le Kunstmuseum.

A Venise, Damien Hirst est devenu l'inventeur d'un trésor d'un genre un peu particulier.

Comment donner forme à un mythe biblique de deux mille ans, revitalisé à la Renaissance par l'ésotérisme pragois ? Depuis un siècle, les artistes s'y emploient avec énergie : l'antique créature, manipulable et téléguidable, n'a jamais été aussi actuelle.

Jean Fautrier n'en fit qu'à sa tête et la postérité le lui a bien rendu, ne lui octroyant que du bout des lèvres la place qu'il méritait d'obtenir si tant est que cela soit un dû. Il fit valser les étiquettes que la consciencieuse histoire de l'art s'efforce d'attribuer à chaque nouvel impétrant se hissant sur les marches de la reconnaissance. Figuratif à ses débuts, si l'on considère le portrait déjà tourmenté de sa concierge en 1922, il se mua en artiste informel à la fin de cette même décennie avec les formidables lithographies illustrant «L'enfer» de Dante.