C'est peu dire que le cinéma de Cédric Jimenez est punchy. Sans prétendre à renouveler le genre, le film aligne quelques poursuites de voitures qui resteront dans les mémoires. Et l'assaut de la cité où se nichent les dealers est pour le moins époustouflant. On n'est pas loin d'un film de guerre tant les moyens sont au rendez-vous, tant l'âpreté des affrontements nous scotche sur notre siège.

Emmanuel Courcol met en scène un milieu où l'imaginaire est vital, aussi ne se met-il pas en tête de couper les cheveux en quatre. Le film est tout entier emporté par cette fougue, oscillant en permanence entre la violence et la rédemption, entre le rire salvateur et les pesanteurs de destins pas toujours souriants. Mais le film ne nous dit pas pour autant ce qui a conduit les différents personnages à échouer dans des culs-de-basse-fosse. Pas de grille psycho-sociologique pour alimenter notre connaissance de ces hommes.

Denise, orpheline naïve, vient demander secours à son oncle, commerçant à Pans. Face à la boutique en décrépitude, elle découvre, éblouie et apeurée, le Grand Magasin, le profit rapide, le 11 progrès 11 qui dévore tout. C'est Emile Zola en 1883, c'est Julien Duvivier en 1930, avant "La Belle Equipe", avant "Pépé le Moko". Duvivier montre en silence les vertiges d'un monde qui change alors que le cinéma lui-même se met à parler. Et, aussitôt sorti, le film est à peu près oublié, par le public, par les historiens, et par son réalisateur lui-même.

Vu de France, le Québec est à la fois si lointain et si proche. D'une part il est incontestablement arrimé au monde anglo-saxon, géographiquement, économiquement et sans doute pour une bonne part culturellement. Mais l'usage du français persiste à lui conférer une identité particulière, et nous conduit à le voir comme étant la terre de nos cousins exilés. Dont nous goûtons avec ironie et tendresse l'accent et les manières.

Avec un Ours d'or berlinois, un prix lors du dernier Festival de Cannes, et même un remake hollywoodien de l'un de ses films, il est évident que Nadav Lapid est aujourd'hui un membre confirmé du fameux cercle fermé des auteurs internationaux. Il est tout aussi évident qu'il est le plus célèbre, le meilleur représentant (il n'est pas vraiment, et ne le souhaite sans doute pas, un chef de file) de la nouvelle génération des auteurs de son pays.

Il a fallu l'incroyable ténacité du producteur David O. Selznick pour pressentir le parti que pourrait tirer le cinéma d'une évocation de la guerre de Sécession racontée du côté des Sudistes. En adoptant le point de vue des vaincus, "Autant en emporte le vent" a contribué à accélérer la cicatrisation de plaies demeurées à vif pendant sept décennies et à réconcilier une nation avec elle-même à travers le prisme hollywoodien.

Cédric Klapisch est entré dans le cinéma par un court métrage qui est resté dans les annales, "Ce qui me meut". Un hommage à Etienne-Jules Marey, un savant fasciné par la mobilité des êtres vivants, qui a passé une bonne partie de sa vie à observer les mouvements des chevaux et celui des hommes. Inventant au passage le fusil cinématographique, qui permettait de prendre plusieurs clichés à une cadence suffisante pour détailler chaque phase du mouvement.

Depuis plusieurs semaines les journaux ne parlent pas d'autre chose que de la guerre en Ukraine, mettant en lumière (noire) ce pays que la plus grande partie d'entre nous ne connaissait que de loin. Le 7e Art ne l'avait pourtant pas oublié, qui depuis les premiers pas du cinéma soviétique de la grande époque jusqu'à aujourd'hui s'est employé à essayer d'en saisir l'âme. Nous avons tenté de sélectionner quelque vingt films (parfois tournés en terre ukrainienne, parfois pas du tout) qui nous en disent un peu plus sur l'Ukraine, son histoire, sa légende, ses blessures.

Le dernier film de Jean-Jacques Annaud n'entretient pas la moindre ambiguïté sur ce qu'il donne à voir : l'incendie de Notre-Dame le lundi 15 avril 2019. Le film répond à toutes les questions que nous nous étions posés une fois remis de notre sidération première, et d'abord donne à voir les incroyables exploits des pompiers qui à bien des reprises ont cru ne jamais venir à bout de la bête.

"Retour à Reims (fragments)" marque le retour de Jean-Gabriel Périot au film de montage. S'appuyant sur l'indispensable essai autobiographique publié en 2009 par le philosophe et sociologue Didier Eribon, il retrace l'histoire de la classe ouvrière au XXe siècle en illustrant, complétant et prolongeant la réflexion de l'auteur (qui met en perspective sa propre trajectoire avec l'histoire douloureuse de sa famille) par des images d'archives tirées de films de fiction, de documentaires ou d'émissions télévisées qui viennent sans cesse dialoguer avec son témoignage.

L'avantage de "Twist à Bamako" est de nous entraîner loin de Marseille, de nous faire voir des comédiens que Robert Guédiguian n'avait pas encore fréquentés, etc. Ce qui nous ouvre de nouveaux horizons pour batifoler à notre guise en élaborant notre dossier. "Twist à Bamako" a pour cadre le Mali des années 1960, autrement dit une terre de mission pour le cinéaste. Mais pas tout à fait quand même, car le film ne parle au fond de rien d'autre que de l'espoir d'un monde nouveau et des énergies que cet espoir génère. Puis de la douche froide qui suit...

Le peintre Jean-Jacques Audubon (1785-1851), très peu connu dans son pays de naissance, la France, est une gloire nationale aux Etats-Unis. Les rues, monuments, lieux publics qui portent son nom sont innombrables. La Fayette, Napoléon, le commandant Cousteau, Audubon, voilà quatre Français célèbres chez les Américains, c'est ce que nous dit Jacques Loeuille en répondant à nos premières questions au sujet de son magnifique film "Birds of America" alors que nous le rencontrons près du musée du Louvre à Paris, avec sa productrice et ingénieure du son Ariane Métais.