Il faut un doigté magique pour assembler des chapitres appartenant à autant d’histoires entrecroisées : celle d’un amour ravageant, celle de la Pologne stalinienne des années 1950, celle de la musique, entre les chants et danses des paysans polonais, le jazz des clubs parisiens et le rock and roll, enfin celle du cinéma, captée à travers un sublime noir et blanc et l’éblouissante bande-son dans les arrangements du pianiste Marcin Masecki.

Souvent opposées dans l'imaginaire collectif, la Lune des poètes et celle des scientifiques se retrouvent actuellement au Grand Palais (Paris), tout juste un demi-siècle après l'exploit de Neil Armstrong. L'exposition « La Lune », dont le commissaire a bien voulu nous accorder un entretien, a inspiré le dossier de ce numéro. Du 3 avril au 22 juillet 2019 la fiction a inspiré et préfiguré l'exploration de notre satellite naturel, rappellent les contributeurs de ce numéro, hommes et femmes de lettres et de sciences.

Florian Henckel von Donnersmarck a déboulé dans nos imaginaires cinéphiles en 2006, avec "La Vie des autres". Un coup d'essai, un coup de maître. Qui non seulement mettait en lumière ces hommes de l'ombre à la solde du gouvernement est-allemand qui pour avoir pendant des années fliqués leurs concitoyens, ont fini par incarner ce que le régime avait de plus détestable. Le cinéaste aurait pu a bon droit en faire un pamphlet politique à la manière d'un Boisset de ce côté-ci du Rhin. (...).

En février 2019, au festival de Berlin, le jury présidé par Juliette Binoche décernait un double prix à Wang Jingchun et Yong Mei, pour leur interprétation du couple protagoniste de "So Long My Son". Présent plusieurs fois à Cannes, où il remporta en 2005 le Prix du Jury pour "Shanghai Dreams", le réalisateur Wang Xiaoshuai avait déjà obtenu un Ours d'argent à Berlin pour "Beijing Bicycle" en 2001, puis de nouveau pour "In Love We Trust" en 2008. Cette reconnaissance internationale célèbre un cinéaste de la "sixième génération" celle de Jia Zhangke, de Wang Bing.

Le surgissement de Céline Sciamma dans le cinéma français n'est désormais plus une nouveauté, et la maturité a toujours été un passage difficile pour les récents prodiges du cinéma français. La réalisatrice ne se facilite de fait pas vraiment la tâche en cédant aux sirènes d'une sorte de cliché obligé de ce passage, le drame en costumes...

Dans quelques années, quand le flot constant se sera calmé, il faudra revenir sur cette accélération étonnante du rythme de production de Martin Scorsese dans les années 2010, à un moment où beaucoup de réalisateurs entrent en pré-retraite. Scorsese, au contraire, accélère, toujours au sommet de la pyramide hollywoodienne et de la cinéphilie là où la plupart de ses célèbres collègues (à commencer par de Palma et Coppola, Spielberg étant l'exception) sont quasiment tous sur la touche ou totalement éloignés des plateaux.

Avec son film "Parasite", qui a remporté la Palme d’or au Festival de Cannes en 2019, le cinéaste sud-coréen Bong Joon-ho nous raconte l’histoire de deux familles diamétralement opposées que seul le hasard a rapprochées.

Tout au long de leur carrière, les frères Dardenne ont réussi un exploit qui définit, en grand partie, leur art. Ils ont traité souvent de thèmes sociaux, voire politiques, en tout cas presque idéologiques, tout en évitant constamment le piège du film à thème. "Rosetta" est un film sur Rosetta, bien davantage qu’une oeuvre à thèse sur la précarité sociale.

Quand dans plusieurs siècles (et sans doute avant) on cherchera à définir ce qu'était le travail au tournant de l'an 2000, nul doute que l'on se penchera sur l’oeuvre de Ken Loach. "The Navigators" traitait de la déliquescence du service public, "It's a free world" de l'irruption de méthodes de gangsters dans le pacte social, "Moi Daniel Blake" de la façon dont les hommes sont broyés par un système qui n'a plus le moindre état d'âme depuis que tout s'est informatisé, etc. "Sorry, we missed you", traite quant à lui de l'uberisation galopante de notre monde.

Il y a plus de vingt ans, en 1997, le réalisateur Jean-Loup Hubert, surtout connu pour "Le Grand Chemin", a choisi de s'intéresser aux histoires de vie durant la Grande Guerre. Il réalise "Marthe", du nom de l'héroïne, institutrice incarnée par Clotilde Courau, qui va croiser le chemin de Simon, un soldat blessé au front qui se reconstruit à l'arrière. Sommaire. Pour "Marthe", présentation du film. Entretien avec Jean-Loup Hubert. Jean-Loup Hubert de A à Z. La Grande Guerre en vingt-cinq films. Revue de presse de "Marthe". Filmographie de Jean-Loup Hubert. Le film vu par Fabien Lacaf.

Ne comptez pas sur Barry Jenkins pour marcher dans les pas de Spike Lee et dénoncer de manière fracassante la condition réservée au peuple noir, en ambitionnant d'en devenir le porte-parole médiatique. Là où son tapageur aîné pratique volontiers l'escalade dans le bruit et la fureur, parfois avec succès, comme dans le récent "BlackKklansman", le réalisateur oscarisé de "Moonlight" préfère se mettre à hauteur de ses personnages pour les regarder les yeux dans les yeux. L'humanité de son cinéma passe avant tout par celle dont sont empreints ses protagonistes.

Trente-trois ans après "Le Déclin de l'Empire américain", le plus populaire des cinéastes québécois redonne de ses nouvelles avec un nouveau film, tout aussi réjouissant, "La Chute de l'Empire américain". Le prochain sera-t-il "La Putréfaction de l'Empire américain" ?