Lancé fin 2017 par Emmanuel Macron, le chantier de la restitution de biens culturels africains à leurs pays d'origine entre dans sa phase opérationnelle, avec l'examen prochain d'une loi facilitant ces procédures. Mais si l'initiative française a inspiré plusieurs de nos voisins, il subsiste des tensions et des difficultés. Sommaire. "Les conservateurs sont formés pour conserver, pas pour prêter leur concours à une volonté politique". "Le chemin n'est ni celui du déni ni celui de la repentance". Le Bénin, laboratoire des restitutions.

Des milliers d’oeuvres d’art africain ont été collectées par les religieux européens lors de l’évangélisation du continent. Certaines spoliées. Les demandes de restitution se multiplient. Enquête sur une histoire méconnue.

La Franco-Sénégalaise de 42 ans a remporté en février dernier l'Ours d'or à la Berlinale avec "Dahomey", un documentaire politique sur la restitution des oeuvres d'art africain où le fantastique vient se lover dans le réel. Itinéraire d'une cinéaste puissante.

En 2021, la France a restitué vingt-six oeuvres pillées au Bénin. Mati Diop a filmé cette opération délicate dans sa fable documentaire "Dahomey", avant de la présenter au pays. Nous l'avons accompagnée.

La réalisatrice franco-sénégalaise a suivi le rapatriement des vingt-six trésors royaux du Quai Branly, à Paris, à leur terre d'origine, au Bénin. Dans "Dahomey", un documentaire en forme de fable métaphysique, elle redonne vie à ces oeuvres longtemps restées en sommeil.

Marchands d'art et collectionneurs les ont longtemps appelés les « arts primitifs » mais l'expression masquait trop mal leur origine coloniale. Alors, au tournant des années 1970, ils sont devenus « les arts premiers», ce qui ne répondait en rien au problème soulevé : quelle est la place de ces objets africains que se sont appropriés les Européens ? Est-elle encore dans les musées et les galeries privées ? Arrachés à leur contexte culturel, ils sont devenus des produits de spéculation mais aussi des leviers diplomatiques lorsque surgit l'épineuse question des restitutions.

26 oeuvres d'art devraient être rendus au Bénin. Un acte symbolique qui fait suite au rapport commandé par le président Emmanuel Macron. Les premières demandes de pays d'Afrique affluent.

Une nation autochtone mexicaine a écrit à l'Assemblée nationale pour obtenir le retour de son codex, plaidant que le manuscrit pluricentenaire décrit des traditionS qu'elle perpétue encore. Des députés de la France insoumise promettent d'appuyer sa demande, alors que plusieurs démarches en ce sens ont déjà été rejetées par Paris dans le passé.

On dénombre 100 000 œuvres d'art spoliées pendant l'Occupation, en France. Parmi elles, 60 000 ont été rapatriées d'Allemagne, par les Alliés notamment. Des centaines d'œuvres, en attente de restitution, ont été déposées par l'Etat dans les musées territoriaux. Les collectivités en ont aussi acquis, sans connaître leur origine. Les conservateurs sont invités à identifier les œuvres à la provenance douteuse, présentes dans leur collection. Ce travail peut être conduit avec l'appui de l'Etat.

Ours d'or à la dernière Berlinale, "Dahomey" de Mati Diop retrace la restitution d'oeuvres pillées par la France au Bénin. Un fascinant carnet de route documentaire, entre poème visuel et réquisitoire politique.

Restituer des biens pillés ne ferme pas des musées, mais ouvre de nouvelles portes.