Ce gagneur qui accumule les défaites, ce leader-né qui ne sait plus très bien qui, de Jospin ou de Séguin, est son véritable ennemi, ce battant est devenu une énigme, même pour ses proches. Mais quel est donc son dernier pari ?

Rendre à sa majorité une légimité sans cesse contestée, rendre à Juppé et à son gouvernement une autorité manifestement compromise, c'était le pari du président. Un pari fou ?

Juppé en tête, les proches du président vivaient dans la terreur de 1998. Ils ont réussi à lui faire partager ce sentiment nouveau pour lui. Et à le persuader que la dissolution était la seule issue. Histoire d'un bourrage de crâne.

Comment montrer, sans poignarder Jospin, qu'il préférait Chirac à Balladur ? La dernière campagne présidentielle - celle où il n'était plus candidat - aura été l'occasion pour Mitterrand de donner aux siens et aux autres une leçon de politique.

Renvoyer à la figure des Français les contradictions de leur société, c'est la méthode de gouvernement inauguré par Chirac. Est-elle digne d'un chef d'Etat ?

Après son "adresse aux jeunes" sur France 2, les Français ont jugé que le président avait été, comme d'habitude, plutôt sympathique et de bonne volonté. Mais qu'il n'avait, comme d'habitude, répondu à aucune de leurs attentes.

Inactif, Chirac ? Certes non ! Il est sur tous les fronts : la francophonie, la Bosnie, l'Europe, le nucléaire... Tous sauf le front économique et social. Voici pourquoi le président joue les Arlésiennes.

Rafic Hariri, le président libanais, est l'un des hommes les plus riches du monde. S'est-il montré si généreux avec le RPR pour que sa rencontre avec le chef de l'Etat soit considérée, même à droite, comme une grave faute politique ?

Tout oppose le chef de l'Etat et le ministre de l'Education nationale : le tempérament, les convictions, la méthode. Mais ni l'un ni l'autre n'a intérêt au divorce. Enseignements d'une minicrise.

Direct, pragmatique, aimant les coups d'éclat et les bains de foule : un an après son accession à l'Elysée, cette image de président "volontariste" continue de lui coller à la peau...

Quand Chirac parle, se montre, s'agite, discourt ou tempête, l'opinion suit. Quand son gouvernement agit, elle se détourne. Il en sera ainsi tant que sa grande promesse - réduire la fracture sociale - n'aura pas été tenue.