Halte aux consensus mous, aux fausses évidences, à l'opposition stérile des experts ! Bienvenue à tous ceux qui veulent se construire un avis, par eux-mêmes et pour eux-mêmes. Impertinents et critiques, ces petits antidotes leur sont dédiés.

A partir des archives de l'industrie américaine ouvertes au terme de nombreux procès, l'auteur montre comment les industriels du tabac conspirent pour nier les cancers provoqués par leur produit, tout en ralliant à leur cause de nombreux scientifiques et politiciens. Il plaide pour une interdiction pure et simple de fabriquer et de vendre des cigarettes.

Première cause de mortalité mais aussi première addiction dans le monde, le tabagisme suscite un débat essentiellement de santé publique passant par sa dénormalisation et par les différentes politiques de restriction de son usage. Derrière les volutes de fumée et les affiches d'interdiction, le fumeur apparaît discrètement. Le monde médical et cognitivo-comportemental parlent [sic] pour lui, restant obéissant indirectement, à un modèle sociétal de la consommation et de la maîtrise des coûts de santé. Libérer ses pulsions tout en les refrénant, voilà le message schizophrénogène d’un Big Brother. Alliant psychanalyse, philosophie et anthropologie, cet ouvrage vise à explorer les sentiers perdus du fumant, cette action singulière d’inhaler une fumée qualifiée de toxique mais dont les vertus apaisantes cachent une pharmacologie inconsciente de la contenance de ‘l’innommable. La cigarette est l’arbre qui cache une forêt brumeuse où le temps, l’espace, la socialité, la narrativité et le corps ventilé des fumants sont étudiés. Un ouvrage qui permet de comprendre notre société et la gestion ambiguë de ses interdits.

«Ce livre n'est pas un plaidoyer en faveur du tabac ni un réquisitoire. Ce n'est pas non plus un essai théorique ou le journal d'une désintoxication réussie. Moi qui ai découvert la littérature à un âge où on grille sa première cigarette, j'ai tiré quelques bouffées de mon passé pour essayer de le comprendre. La relation qu'on entretient avec le tabac ressemble à une histoire d'amour qui n'en finit pas, quand bien même subirait-elle les ravages de l'âge et du temps. Etrange histoire, du reste, où l'on croise des fumeurs anonymes ou repentis - vous et moi -, mais aussi des poètes et des écrivains qui, à l'instar de Saint-Amant, d'Italo Svevo ou de Roland Dubillard, ont tiré de leur blague à tabac matière à réflexion sur l'existence humaine.» P. H.