En recevant un Oscar d'honneur, pour l'ensemble de son oeuvre en 1972, Charlie Chaplin, de retour aux Etats-Unis, prend la parole pour dire "la futilité" et la "faiblesse" des mots, incapables de traduire sa gratitude. La séquence constitue l'acmé et le point d'orgue de l'excellent documentaire au long cours de François Aymé et Yves Jeuland, "Charlie Chaplin, le génie de la liberté", diffusé par France 3 en janvier 2021.

Des redresseurs de torts, inconditionnels du politiquement correct, ne manqueront pas de nous reprocher de consacrer un dossier à un cas flagrant d'appropriation culturelle. De quel droit, diront-ils, de grands cinéastes - Renoir, Cukor, Lean, Lang, Duras, Ford, Ivory, Carneau, Malle - sont-ils allés trouver leur inspiration dans une culture et un pays qui leur sont étrangers? Pourtant, l'Inde leur a inspiré certains de leurs meilleurs films.

Que le revenant revienne, quoi de plus normal ? Le fantôme est fidèle. Il hante, inlassable, mêmes lieux et mêmes gens ; ou, à défaut, leurs descendants. Du reste, à quoi le reconnaîtrait-on s’il ne revenait pas ? Aussi n’est-ce pas ce retour-là qu’interrogent les quinze auteurs, venus d’horizons très divers, réunis dans ce numéro spécial : c’est la hantise généralisée qui caractérise notre époque. Les fantômes ont la vie dure, nous le savions. Mais pouvions-nous deviner qu’en ce début du XXIe siècle ils investiraient tout le domaine de l’humain ?

New York fut, comme Paris, une des capitales de la cinéphilie. Positif est né dans un certain âge d'or de la cinéphilie (voir notre dossier « Que reste-t-il de la cinéphilie ? », no 668, octobre 2016). Deux cinéastes originaires de la même métropole et appartenant à la même génération évoquent ici leurs grands moments de découvertes cinématographiques.

Ce combo blu-ray et DVD en copie restaurée 4K rend justice à ce film méconnu et sous-estimé de la filmographie de Jean Grémillon. Petit historique : quand le projet lui est présenté, le cinéaste a 35 ans. Il a signé une vingtaine de courts métrages et une dizaine de longs, dont seul le précédent ("Gueule d'amour", 1937) a trouvé son public. En 1930, "La Petite Lise" a été un échec; "Daïnah la métisse" (1931) a été massacré par des coupes.

Quelle place pour le cinéma au musée ? Cela fait longtemps que les films sont exposés en galerie, que la pellicule argentique sert de support à la création contemporaine, et que les appareils de projection et les jouets optiques sont partie prenante d'installations artistiques, mais le cinéma tout entier, comme machinerie et comme art, comme cérémonie collective et culture visuelle, comment en dresser la chronique sans plier celle-ci à une vision téléologique ? Comment en faire le récit sans déplorer en même temps son achèvement à une époque où les salles se vident au profit des plateformes ?

Fruit des travaux d'un groupe de recherche de l'université Sorbonne Nouvelle, l'exposition des Archives départementales de la Gironde entre en résonance avec celle du musée d'Orsay (lire n° 730, p. 71). Alors qu'"Enfin le cinéma !" se situe en amont de l'exposition bordelaise et embrasse une période de plusieurs décennies (1833-1907), "Ils y viennent tous... au cinéma !" porte sur une chronologie resserrée et prend, en quelque sorte, le relais de l'exposition parisienne.

Franck Lhomeau, fouillant les archives, avait pour la première fois tenté de retracer le parcours, jusqu'ici occulté par l'intéressé, de Michel Audiard durant l'Occupation, la Libération et l'épuration, traumatisme dont on ne se releva jamais, dans la revue des littératures policières qu'il anime de main de maître, "La Vérité sur l'affaire Audiard", "Temps Noir" numéro 20, octobre 2017. Ses découvertes avaient fait sensation.

"Il faut commencer par voir beaucoup et revoir souvent", dit Buffon. A l'ordre du jour, Ozu, entre rituel et inquiétude, à l'occasion de la réédition de ses "Carnets".

La sortie en salles (par Splendor Films) et en coffret DVD (chez Survivance) des trois premiers longs métrages de Tsai Ming-liang - "Les Rebelles du dieu néon" (1992), "Vive l'amour" (1994), "La Rivière" (1998) - nous rappelle qu'il fut l'un des cinéastes majeurs des années 90, période notamment marquée par l'émergence du nouveau cinéma taïwanais, où ce Malaisien de naissance faisait figure d'audacieux cadet entre ses aînés Hou Hsiao-hsien et Edward Yang.