Or çà, mes hôpitaux de ces dernières années, adieu ! sinon au revoir ; alors, salut ! en tout cas ; j'ai vécu calme et laborieux chez vous. Ruiné depuis la mort de sa mère, souffrant de nombreux maux (ulcères, syphilis...), Paul Verlaine (1844-1896) vit ses dix dernières années entre l'hôtel et l'hôpital. Il y multiplie les séjours, commence par Tenon, finit par Bichat, fréquente entre-temps Cochin, l'asile de Vincennes, Saint-Antoine, Saint-Louis, préfère Broussais. Dans ses chroniques de la vie hospitalière, le poète se mue en prosateur d'un quotidien rugueux.

Tous les grands écrivains en veulent à la presse et surtout à la critique. Pour eux, les journaux servent à emballer le poisson et les journalistes sont des poisons. Lire un journal, c'est mauvais ; écrire dedans, c'est au mieux une perte de temps et au pire une perte de talent. La presse n'a pas bonne presse chez les artistes. Ils ont contre elle une dent du Diable. [?] Ils sont pour la liberté de la presse, sauf quand elle dit du mal d'eux, et elle dit toujours du mal d'eux, d'une façon ou d'une autre. Ou pas assez de bien. Ou pas le bien qu'il faut. Les journaux, c'est la télévision du XIX e siècle, le théâtre étant son cinéma. L'ouvrage de Balzac est en fait une longue critique télé. Patrick Besson

Frédéric Martinez est docteur ès lettres et se consacre à la littérature. Portraitiste plutôt que biographe, il aime brouiller les frontières et les genres. Parmi ses nombreuses publications, on citera : Maurice Denis, Les couleurs du ciel (2007), Prends garde à la douceur des choses, Paul-Jean Toulet, une vie en morceaux (2008), Claude Monet, Une vie au fil de l'eau (2009), Franz Liszt (2011), Maupassant (2012), Petit éloge des vacances (2013).

L'idée m'est venue de me volontairement imposer une corvée bien autrement pénible que les corvées militaires, et, malgré la chaleur, un beau matin, je suis parti à pied, sac au dos, de Marlotte à Bourbon-l'Archambaud. Mais après plus de deux cent cinquante kilomètres parcourus en cinq jours, la chronique de cette randonnée pédestre est loin de chanter les vertus du plein air. En guise de souvenirs, Octave Mirbeau ne récolte au cours de l'été 1884 que de dérisoires trouvailles entomologiques (une cicindèle endormie, un papillon mort) et quelques échantillons de grotesque social (du piou-piou de Montargis aux commis voyageurs de Briare) : la marche n'est pas le fait de ce tempérament bouillant et impétueux qui en supporte mal les lenteurs !

En 1863, Gustave Courbet, exclu du Salon pour son tableau Le Retour de la conférence, presse son ami le théoricien socialiste Pierre-Joseph Proudhon d'en rédiger la défense. Ce qui ne devait être qu'une brochure de quelques pages devient bientôt un vaste traité du rôle social de l'artiste : Du principe de l'art et de sa destination sociale. L'ouvrage, paru en 1865, peu après la mort de son auteur, serait sans doute passé inaperçu si une jeune plume de la critique ne l'avait étrillé sans ménagement, en réaffirmant l'autonomie absolue de l'artiste : ainsi démarre l'irrésistible ascension d'Émile Zola... Ce sont les textes de cette controverse passionnante qui se trouvent pour la première fois réunis dans ce volume par Christophe Salaün.

Critique littéraire (Henri Michaux, les sœurs Brontë, Dumas), critique de cinéma, de vidéo, de photographie (L'Entre-images), poète, Raymond Bellour, né en 1939 à Lyon, a publié à La Différence : Mademoiselle Guillotine, en 1989, L'Entre-images (I) en 1990, Oubli en 1992 et Partages de l'ombre en 2002.

Que peut-on et que doit-on faire de la littérature ? C’est la grande question que Zola, devenu le romancier le plus célèbre de son époque, commence sérieusement à se poser alors qu’il rédige le dernier volet des Rougon-Macquart. Cette préoccupation s’impose progressivement à lui en tant que citoyen concerné par les débats de son temps, et notamment par la question sociale qu’il met en scène de manière dramatique dans Germinal et qui ne cessera plus par la suite de l’habiter. Comment remédier à l’injustice, à l’exploitation, au malheur qui frappent de larges masses ? Comment refaire, et sur quelles bases, une nouvelle cohésion sociale qui permette aux hommes de vivre en harmonie par-delà les divisions qui les opposent ? C’est à cette question que Zola s’attaque résolument dans son dernier cycle romanesque, Les Évangiles, qui se présente comme une mise en fiction d’une nouvelle religion de l’humanité, fondée sur la raison et le progrès, croyance nouvelle destinée à répondre aux interrogations des hommes de son temps. À travers ses derniers romans, de facture et de contenu utopistes, l’écrivain renoue avec le romantisme de sa jeunesse et signe ce qui constitue désormais son testament, expression ultime de son désarroi et de ses espérances à l’aube d’un siècle tragique. Jacques Pelletier propose une interprétation inédite de ce cycle romanesque et démontre comment le projet de Zola nous concerne toujours aujourd’hui, malgré la distance qui semble nous en séparer.

Rédigées entre 1774 et 1824, les Pensées de Joseph Joubert (1754-1824) ne feront l'objet d'une publication qu'en 1838, grâce aux soins de Chateaubriand. Cette édition très partielle sera suivie tout au long du XIX

E. Zola n'est pas connu pour être un grand mélomane. Il fut même parfois très critique à l'égard de la musique de son époque. Pourtant, ses articles comportent de nombreuses références à des compositeurs, à Wagner notamment, dont il fut un fervent partisan, et à des oeuvres musicales. Cet ouvrage rassemble plus d'une centaine d'articles rendant compte des goûts et jugements de l'écrivain.

"Napoléon le Petit paraît à Bruxelles en août 1852, le jour où son auteur et sa famille posent le pied sur l'île anglo-normande. Le pamphlet brillant, tuffé de fulgurances et d'éreintements... est naturellement interdit en France, et le restera jusqu'à la chutre de Napoléon III en 1870..." in : in : Pierrat, Emmanuel : 100 livres censurés, [Paris] : Chêne, 2010.