Nous comprenons mal l'Algérie car nous la connaissons mal. Nous ne parlons pas sa langue. Nous ignorons des pans entiers de son histoire - Michel Pierre évoque dans le numéro la régence d'Alger (1516-1830), une période qui ne se réduit pas à des aventures de pirates, comme on a voulu nous le faire croire. Les autorités algériennes ont construit un roman national qui repose sur des mythes et des gestes héroïques ; les sombres épisodes sont passés sous silence.

Le mur de la colonisation ! Il obscurcit tout. Au point parfois d'oublier que cette partie du monde a existé bien avant celle-ci et subi les avanies des conquêtes, guerres et autres massacres inhérents à la "bonne marche" du monde.

En Algérie, du débarquement des troupes françaises dans la baie de Sidi-Ferruch en juin 1830 jusqu’à la révolte kabyle de 1871, quatre décennies de conflit ont donné le ton aux cent trente-deux ans qu’aura duré la colonisation. La conquête s’est faite dans une violence documentée depuis longtemps. On l’a surtout racontée en mettant face à face deux grandes figures : d’un côté, le maréchal Bugeaud, de l’autre, l’émir Abd el-Kader, à la tête de la résistance.