L'invasion de l'Irak n'a pas pour seul but de renverser un dictateur. Elle s'inscrit dans une croisade contre les "forces du Mal".

Pour hâter la chute du régime, les troupes américaines ont mis en oeuvre dans Bagdad une violence inconnue depuis le début de la guerre.

Malgré l'insistance des Britaniques, le rôle des Nations unies dans l'Irak occupé devrait, pour la Maison-Blanche, se résumer à celui d'une super-organisation humanitaire, sans droit de regard sur le politique. Et encore moins sur le pétrole.

Les Etats-Unis sont déterminés à aller au bout de leur projet de "remodelage" du Moyen-Orient. Après l'Irak, la Syrie aujourd'hui, demain sans doute l'Arabie Saoudite vont devoir se plier aux injonctions de Washington. Personne n'aura intérêt à stationner sur la nouvelle autoroute, élargie chaque jour, de l'"axe du Mal".

Des Américains massacrent une Peugeot à coups de massue ou renversent des bouteilles de vin dans le caniveau ; les consulats sont inondés de lettres d'insultes, tandis que les médias organisent sans états d'âme une campagne antifrançaise. Même les sociétés tricolores installées sur place s'inquiètent.

Comment punir la France pour son opposition à la guerre ? Les sanctions économiques sont difficiles à mettre en oeuvre. Mais l'administration américaine a d'autres idées.

Chassés par le régime de Bagdad et sa politique forcenée d'arabisation, les Kurdes et les Turkmènes retrouvent leurs maisons et leurs villages du nord de l'Irak. D'où ils chassent cette fois les populations arabes.

Structure demeurée en place après la chute de Saddam, le clergé chiite est parvenu à mettre fin à l'anarchie, surtout dans le sud de l'Irak. En profitera-t-il pour y imposer un islam radical ?

Près de 300 des 900 sites répertoriés ont déjà été fouillés en vain : pas la moindre trace de l'arsenal terrifiant brandi par les Américains et leurs alliés pour rallier le monde à leur cause.

"L'unanimité sans exemple qui s'est formée en Allemagne contre la guerre d'Irak avait quelque chose d'angoissant".