Pourquoi un char Abrams a-t-il tiré, le 8 avril 2003, un obus sur un hôtel de Bagdad occupé par la presse tuant deux reporters ? Dix mois après la "bavure" de l'armée américaine, Jean-Paul Mari, auteur d'un rapport pour Reporters sans Frontières, établit la hiérarchie des responsabilités. Et démontre que la vérité officielle est un mensonge d'Etat.

Parce que deux Américains sur trois estiment toujours que la guerre d'Irak était une bonne chose, l'administration Bush se croyait à l'abri des questions gênantes. Mais les déclaration de David Kay et d'autres experts posent la question explosive de la crédibilité du président...

Ils s'appellent Walid, Souhaib, Abdulkarim. A Abou Ghraib, Samra, Kazzamiya, où ils étaient détenus, ils ont subi l'humiliation, la violence, la cruauté de leurs geôliers-bourreaux américains. Leurs témoignages, recueillis par notre envoyé spécial Jean-Paul Mari, confirment que les tortures infligées aux prisonniers irakiens n'étaient pas des bavures imputables à une poignée de sadiques, mais une pratique systématique...

C'est maintenant une évidence pour tout le monde : les armes de destruction massive de Saddam Hussein, le fameux arsenal brandi par George Bush et Tony Blair pour justifier l'invasion de l'Irak, c'était de la fiction.

Ils s'appellent Roger, Allen, Ed, Ivan. Ils étaient officiers, simple soldat, aumônier. Notre envoyée spéciale en Irak, Sara Daniel, les avait rencontrés il y a quelques mois à Fallouja, à Ramadi, à Bagdad, à Sadr City.

Ils s'appellent Andrew, Anthony, José, et leurs portraits sont accrochés près du cimetière militaire d'Arlington, avec ceux de 1 327 autres soldats morts en Afghanistan ou en Irak. L'opération, menée par 200 artistes américains, vise à briser la censure officielle des images des victimes.

Sara Daniel a vécu pendant deux semaines parmi les soldats du 2ème bataillon de la Big Red One, une division de combat qui a participé aux deux guerres mondiales. Elle a partagé leurs patrouilles et leurs peurs, leur colère et leur désarroi devant cette guerre qu'ils ne parviennent pas à comprendre et qui continue à tuer.

Le dynamitage de la mosquée de Samarra, lieu saint des chiites, et les représailles sanglantes contre les sunnites ravivent les craintes d'un éclatement du pays.

Alors que 58% des Américains se déclarent opposés à la guerre en Irak et que certains généraux dénoncent le "triomphalisme" et l'"incompétence" de l'administration républicaine, George Bush persiste à répéter "Nous gagnons en Irak".

Tout sauf le retrait ! C'est pour éviter d'admettre sa responsabilité dans le désastre en Irak que le président américain a décidé l'envoi d'un nouveau contingent à Bagdad. Mais les chefs militaires n'y croient pas. Et les démocrates, qui contrôlent désormais le Congrès, encore moins.

Face à la grogne croissante de l'opinion, la campagne médiatique orchestrée autour du rapport au Congrès des responsables en Irak et les divisions du camp démocrate tentent de masquer la réalité du fiasco.