Agnès Varda nous disait, la dernière fois que nous l'avons vue pour préparer ce numéro : "Tout le film est dans cette question". Un petit garçon la lui avait posée après une projection à Hérouville-Saint-Clair, comprenant comment, chez elle, l'art et les sentiments, l'intime et le collectif, la maison et le monde n'étaient jamais séparés. Rue Daguerre, depuis 1951, elle vivait, travaillait, dirigeait la manoeuvre, recevait journalistes et professionnels. Elle tenait dans sa main les instruments techniques du cinématographe dans sa tête la méthode et l'autorité.

Médecin psychiatre, musicien, homme de vaste culture et d'érudition impeccable, Jean Starobinski est, dans son indéniable singularité, une des figures majeures de la critique de notre temps. Une extrême rigueur et une extrême liberté caractérisent à la fois ce contemporain capital. Clarté et profondeur vont l'amble chez lui et le signalent, en notre XXIe siècle, comme un homme des Lumières.

Si le titre n'avait été déjà pris par Mallarmé, "Colportage" aurait tout aussi bien pu s'intituler "Divagations". « Errer çà et là», dit le Littré, en l'occurence chez Joubert, Mandiargues, Ponge, Saint-Pol-Roux, Caillois... Errer en littérature ; d'un auteur à un autre. Ce n'est pas pour rien qu'est évoqué le « à sauts et à gambades » de Montaigne, c'est-à-dire, précise Macé, faire place à « l'association d'idées, aux rapprochements plus ou moins lointains dans l'espace et dans le temps, au rythme intérieur qui dicte celui de la phranse et prouve la marche en marchant ».

Vingt-trois ans après la parution d’un « Autour de Jacques Rancière » ("Critique", n° 601-602, juin-juillet 1997), les textes rassemblés dans ce numéro – coordonné par Dork Zabunyan – témoignent de l’actualité d’une démarche en même temps que de la continuité d’une oeuvre qui, depuis "La Leçon d’Althusser" (Gallimard, 1975), "La Nuit des prolétaires" (Fayard, 1981) ou "Le Maître ignorant" (Fayard, 1987), et plus clairement encore depuis "La Chair des mots" (Gallimard, 1998), "Le Partage du sensible" (La Fabrique, 2000) et la vingtaine d’essais et de recueils qui ont suivi, diffuse bien au-delà

Sociologue des pratiques culturelles, Edgar Morin, 99 ans, s'est beaucoup exprimé sur tous les champs de la connaissance, mais quasiment jamais sur l'art contemporain. D'« extases » en « coups de foudre », il revient avec nous sur son parcours d'esthète et d'intellectuel engagé.

Alors que la firme Pantone prédira cette semaine quelle sera "la" couleur de 2021, enquête sur la façon dont naissent les tendances en matière de teintes. Où l'on apprend comment, un beau jour, nos cuisines sont devenues rouges, nos pulls moutarde et nos smartphones blanc galactique.

Philosophe des sciences et metteuse en scène de théâtre, Frédérique Aït-Touati a notamment publié "Contes de la Lune. Essai sur la fiction et la science moderne" (2011) et "Terra Forma. Manuel de cartographie potentielle" (avec Alexandra Arènes et Axelle Grégoire, 2019). A l'occasion de la mission Mars 2020, elle évoque les imaginaires liés à la Planète rouge, dont le cinéma aura été l'un des puissants relais.

En près de cent oeuvres, l'Hôtel de Caumont, à Aix-en-Provence, éclaire des pans méconnus de l'oeuvre de Zao Wou-Ki (1920-2013), qui sut s'ouvrir aux révolutions esthétiques de son temps tout en opérant la synthèse parfaite entre abstraction occidentale et tradition extrême-orientale.

Irrécupérable, telle semble être l’œuvre de Jean Genet. Non seulement au regard des polémiques qu’elle a suscitées et suscite encore, mais plus profondément par son refus de s’apaiser, de pactiser, d’oublier. « Je conserverai en moi-même l’idée de moi-même mendiant » écrivait Genet dans le "Journal du voleur". Ni l’humiliation, ni la souffrance, ni l’exclusion n’ont à aucun moment été oubliées. L’ensemble de son oeuvre pourrait ainsi être lue comme un refus radical de toute amnistie. Pas d’oubli, et donc pas de mesure ou de compromis. Pas de résilience non plus.

Toute sa vie, Soren Kierkegaard s'est senti déchiré entre trois aspirations. Soit se consacrer à l'écriture, à la musique, aux plaisirs sensuels. Soit faire le saut du mariage, ce qu'il redoute tant qu'il va rompre ses fiançailles. Soit être illuminé par la foi. Mais comment ne pas rester perpétuellement insatisfait, si nous prenons chacune de nos décisions sur fond d'angoisse ?

Expositions, rétrospective, biographies et bandes originales rendent hommage à son travail de cinéaste et de photographe. Un héritage que porte haut sa fille : Rosalie Varda, qui nous raconte ici cette créatrice hors norme et de tous les combats. Une histoire de germination et de transmission.