Typologie des migrants, coûts des passages, rôle des officiers et des forces de sécurité, un passeur libanais brise le silence et dévoile le fonctionnement de l’immigration clandestine. Un entretien exclusif.

Victime collatérale de la guerre israélo-palestinienne, le Liban fait de nouveau les frais d'une actualité dramatique. Or, s'il forme aujourd'hui une mosaïque de communautés à l'équilibre précaire, ce pays a connu des temps plus paisibles. Comment la terre de la riche Phénicie antique, devenue province de Rome puis de l'Empire ottoman, a-t-elle basculé au cours du XXe siècle dans l'enfer de la guerre civile et des bombardements ? Sommaire. Liban, l'impossible nation, entretien avec Henry Laurens. Des lignes de faille si sensibles, la tectonique des communautés.

Cet auteur et chroniqueur pour le quotidien libanais "L’Orient-Le Jour" raconte le conflit dévastateur qui aura duré quinze années (1975-1990), et qui a englouti un peuple entier. Le Liban en porte toujours les stigmates.

Avec ses 10 400 km2 situés entre la Méditerranée, la Syrie et Israël, le pays du Cèdre a toujours dû composer avec de puissants voisins. Sous l’Empire ottoman, la chaîne du Mont-Liban s’est constituée en un émirat plus ou moins autonome, refuge des minorités maronites (chrétiennes) et druzes (chiites). Les puissances européennes, la France en tête, prennent prétexte des conflits confessionnels des années 1840-1860 pour intervenir dans la région. Dans ses frontières actuelles, le Liban est né en 1920 de la volonté des Français qui administrent leur "mandat" durant vingt ans.

À partir des années 1960, Beyrouth séduit les réalisateurs libanais comme étrangers. Ils dévoilent une ville cosmopolite, festive et prospère dans laquelle pullulent les espions. Entre 1975 et 1990, changement brutal, les films sur Beyrouth dépeignent les ravages de la guerre et les violences des groupes armés et milices qui transforment la capitale libanaise en un champ de ruines.

Comment les Libanais vivent-ils au quotidien ? Que peuvent-ils espérer, alors que leur pays se relève à peine de la guerre meurtrière et destructrice qui a opposé Israël et le Hezbollah pendant plus d’un an ? En ont-ils vraiment fini avec “la guerre des autres” ? Pour le savoir, nous avons choisi d’inviter la rédaction de "L’Orient-Le Jour" pour ce dossier spécial, qui se veut à la fois un portrait du Liban aujourd’hui et un hommage au quotidien francophone de Beyrouth, qui vient de fêter ses 100 ans.