Un éclairage sur les différents facteurs de décrochage en vue d'identifier et de lutter contre les parcours scolaires chaotiques qui favorisent la rupture avec le monde de l'école. L'ouvrage propose ainsi une réflexion sur l'orientation globale de la politique éducative. ©Electre 2019

Alors qu'elle n'a jamais occupé une place aussi importante dans nos sociétés où elle est chargée de déterminer la valeur des individus, l'éducation scolaire ne tient pas ses promesses. D'un côté, les jeunes ont le sentiment, non sans raison, de jouer leur destinée à l'école et leurs parents s'épuisent à leur faire obtenir les meilleurs classements, au prix de tensions quotidiennes et de multiples sacrifices. De l'autre, les inégalités scolaires ne sont pas résorbées. L'extension des études n'a pas garanti une élévation proportionnelle des acquis et des compétences, pas plus qu'elle n'a renforcé l'adhésion aux valeurs civiques, alimentant même la rancoeur de ceux qui sortent perdants du système. Faut-il alors s'entêter dans ce « toujours plus » d'école et de diplômes, en espérant qu'à un horizon indéterminé, les bienfaits de cette course en avant se feront sentir ?

Qu'est-ce que l'autonomie scolaire : un slogan, une démarche pédagogique, une compétence à acquérir ? Si cette notion est devenue centrale dans le système éducatif français, comment est-elle mise en œuvre dans les classes ? Pour répondre à ces questions, Patrick Rayou présente d'abord les fondements philosophiques de l'autonomie et ce qu'elle sous-tend dans le domaine pédagogique, entre liberté et contrainte. S'appuyant sur de nombreuses enquêtes de terrain, il saisit ensuite l'autonomie en acte et démontre ainsi que les apprenants ne sont pas tous égaux face à l'acquisition d'une compétence parfois pensée comme innée. Au-delà de ce constat, Patrick Rayou ouvre des pistes indispensables à la réflexion des chercheur.ses, des enseignant.es comme des parents d'élèves autour d'une idée qui a perdu en compréhension ce qu'elle a gagné en extension. Patrick Rayou est sociologue, professeur émérite en sciences de l'éducation de l'Université Paris 8. Ses recherches, consacrées à la production des inégalités d'apprentissage, portent sur l'activité conjointe des enseignants, des élèves et de leurs familles et concernent des thèmes comme les devoirs à la maison, la classe inversée ou le travail en groupe des élèves.