La tragédie des réfugiés transforme l'Union européenne en otage consentante de Recep Erdogan, le président islamiste qui a cyniquement alimenté les flammes du brasier syrien et pulvérisé la liberté d'expression.

Les régimes iranien et turc ne peuvent être un modèle à suivre au Moyen-Orient : tous deux ont une culture réticente à la modernité.

La démission forcée du Premier ministre Ahmet Davutoglu n'est que le dernier acte d'une longue dérive autoritaire du pouvoir à Ankara, estime l'écrivaine Elif Shafak.

Technocrate sans charisme, Binali Yildirim, nommé chef du gouvernement turc, sera au mieux un secrétaire du président tout-puissant.

Recep Tayyip Erdogan a plongé son pays dans le chaos et tient l'Europe en otage avec les réfugiés. Malgré son brusque revirement diplomatique, comment faire confiance au faux homme fort de la Turquie ?

Le président turc contrôle sévèrement les journalistes, et malheur à celui qui désobéit. Des méthodes jugées dignes de Goebbels par l'ex-directeur du quotidien "Cumhuriyet", exilé aujourd'hui en Allemagne.

La guerre entre groupes islamistes qui secoue la Turquie se fonde certes sur des divergences d'interprétation de la religion. Mais vise surtout l'accaparement d'un Etat aux pouvoirs illimités.

Avec l'arrestation le 4 novembre 2016 de neuf députés d'opposition du Parti démocratique des peuples, le président durcit sa politique de répression. Pourtant, la société civile est incapable de réagir, estime cette chroniqueuse.

Dans un entretien au quotidien berlinois, l'ex-rédacteur en chef du journal progressiste "Cumhuriyet", Can Dündar, réfugié en Allemagne, compare la situation de son pays à celle de l'Allemagne nazie.

Malgré son autoritarisme, la répression qu'il mène depuis des mois, ses violations des libertés et l'essoufflement de l'économie, le président turc jouit toujours d'une popularité croissante.

Le double attentat d'Istanbul va accélérer le projet de réforme constitutionnelle qui permettrait à Erdogan d'avoir les pleins pouvoirs.

Le président islamiste, qui a nourri Daech avant de le bombarder et qui a rallumé le brasier kurde, transforme la Turquie laïque et ouverte en cible prioritaire de la terreur.