Le plus vexant pour le chef de l'Etat, c'est que Sarkozy lui a volé sa méthode : dynamisme, culot, pragmatisme. Histoire de ses relations avec un rival qui lui ressemble comme un double.

L'accord passé entre le président et son clone rebelle ne doit pas faire illusion. Chirac veut encadrer le nouveau président de l'UMP pour mieux le contrôler. Sarkozy veut incarner le renouveau de la droite pour rendre sa candidature à la présidentielle incontournable.

Avant même d'être officiellement le patron de l'UMP, le ministre des Finances a imposé son choix : le chiraquien Roger Romani, le candidat du président, a dû céder la tête de liste au balladurien Philippe Goujon. Histoire d'un camouflet.

Des baisses d'impôts pour les riches et un déficit public réduit grâce à des expédients, le ministre des Finances laisse un cadeau empoisonné à son successeur.

Fonds structurels européens, emplois familiaux, prêts à taux zéro, allègement de l'ISF... A chaque fois, le président a contraint le futur patron de l'UMP à reculer.

Son dernier livre est une ode à l'égard de la communauté musulmane. Et aucun des fondements de la tradition républicaine ne semble trouver grâce à ses yeux.

Accusé par un mystérieux corbeau de détenir des comptes bancaires à l'étranger, le ministre des Finances a été blanchi par une enquête de la DST. Il suspecte l'Intérieur et le cabinet noir de l'Elysée de ne pas avoir mis beaucoup d'empressement à faire connaître ce rapport.

C'est un changement d'époque que le futur président de l'UMP veut incarner. Et, face aux amis du président qui s'organisent, il est décidé à rendre coup pour coup.

C'est en chef de parti offensif et sans concession vis-à-vis du président de la République que Nicolas Sarkozy est apparu dimanche au Bourget. Un patron de l'UMP dont le but avoué est de conquérir l'Elysée. Et déterminé à réhabiliter les valeurs de la droite.

Le départ de Sarkozy et le oui du PS à la Constitution européenne redonnent de l'oxygène au chef du gouvernement. Il ne veut plus se laisser piétiner par ses ministres.

L'objectif de Sarkozy : ringardiser Chirac et lui brûler la politesse pour faire entériner sa candidature à la présidentielle par les militants. C'est la stratégie de l'empêchement. Celle du président : étouffer son adversaire pour mieux rester maître du temps.