Depuis l'élection de M. Nicolas Sarkozy à l'Elysée, le ravalement de son premier ministre au rang de "collaborateur" et celui du Parlement au rôle de chambre d'enregistrement ont rendu tentante l'analogie entre le nouveau président et Napoléon III.

Devenu ministre, le maire de Neuilly satisfait une ambition qu'il portait en bandoulière. Mais le jeune homme pressé commence déjà à s'assagir...

Fini l'agressivité, les solutions définitives, les formules péremptoires. Pour le premier ministrable autoproclamé, la "politique frénétique", c'est du passé.

Elle est bien finie, la transparence jospinienne. Terminé, le refus des combinaisons secrètes. Voici revenu le temps des tractations dans les fermes de montagne, des émissaires à fausse barbe, de la violence...

Aux obsèques du RPR, on n'a vu que lui, martelant les étapes de son action, ovationné par les militants, tapant sur la table... Où s'arrêtera le ministre de l'Intérieur ?

Rassurer son camp, embarasser la gauche. Le cahier des charges que s'est lui-même fixé le ministre de l'Intérieur paraissait impossible à tenir.

C'est peu dire qu'il en fait trop. Il est trop. Après son triomphe télévisuel, nul doute que sa boulimie ne fera que s'aggraver.

En reprenant l'essentiel du projet Jospin assorti d'un référendum, le ministre de l'Intérieur mise sur le rôle des femmes, qui pourraient faire pencher la balance dans le sens du "oui".

Le ministre de l'Intérieur et des Cultes sera-t-il là où l'attendent les opposants résolus au port du voile à l'école ? Rien n'est moins sûr.

Oui, la délinquance et la criminalité ont baissé de 6%. Mais les prisons sont au bord de l'explosion, et les quartiers difficiles ne vont pas mieux. Retour sur les effets pervers d'une politique musclée.

Première victime, en cas de refus, Sarkozy bien sûr qu'on accusera d'avoir fait prendre des risques au gouvernement. Deuxième victime, Raffarin qui compte sur les référendums locaux pour imposer la décentralisation. La troisième pourrait bien être la Corse, et les Corses eux-mêmes, qui apparaîtraient rétifs à toutes les médecines.

Il en a trop fait. On loue partout l'énergie du ministre de l'intérieur. Cette fois, elle s'est retournée contre lui : le "Sarkozy show" a indisposé les électeurs corses.