Renault a bâti son image sur la construction de petites voitures peu coûteuses. Un modèle aujourd'hui dépassé : l'entreprise se lance dans le haut de gamme.

La Régie Renault n'existe plus. Lui a succédé une société anonyme détenue majoritairement par des actionnaires privés. La "vitrine sociale", la forteresse ouvrière, Billancourt appartiennent au passé. Mais, pendant cinquante ans, Renault aura incarné le rêve d'une croissance économique et industrielle ininterrompue. Et ses désillusions.

Avec la Renault Kwid, présentée courant 2018, le constructeur automobile français vise clairement le marché indien : la voiture est conforme à toutes les exigences réglementaires du pays et est vendu à un prix abordable, 3500 euros, pour la population.

Les usines Renault, modèle social des Trente Glorieuses, ont volontiers accaparé l'attention des médias et des histoires fascinés par la fortesse de Billancourt.

Derrière le calme apparent, quelle excitation ! Renault veut prendre entre 30 et 40 % du deuxième constructeur japonais pour devenir le numéro quatre mondial. Récit.

Il y a cinq ans, les Européens s'affolaient devant la déferlante japonaise attendue pour l'an 2000. Aujourd'hui Renault envisage de prendre 20 % de Nissan, numéro deux japonais, au bord de la faillite...

Un chiffre d'affaires qui explose, un bénéfice qui s'envole, une part de marché qui progresse... Tous les clignotants sont au vert. Derrière ces chiffres se dessine une nouvelle stratégie qui doit permettre à Renault de doubler sa production d'ici à 2010...

Grâce à sa version Scénic, cet Espace à la portée de toutes les bourses, la Renault Mégane est devenue la voiture la plus vendue en Europe, détrônant la Volkswagen Golf et la Fiat Punto.

De quel mal souffrent les deux constructeurs français ? Ils paient aujourd'hui le fait d'avoir trop longtemps suivi une stratégie financière, au détriment de la croissance qui seule permet d'éviter les drames sociaux comme celui de Renault en Belgique...

Qu'elle est loin, l'époque de la forteresse ouvrière ! En décidant soudain de fermer son usine belge, qui emploie 3 100 personnes, en supprimant 2 760 emplois en France, c'est Renault qui devient le cancre de l'Europe sociale...

L'entreprise symbole recule sur le marché français et, pour la première fois depuis neuf ans, perdra de l'argent en 1996. Serait-elle retournée à ses vieux démons, l'année même de sa privatisation ?...

Fuites organisées, suspicion de manipulations boursières, contexte italien délétère. A quoi jouent Giovanni Agnelli, Mediobanca et la Banque Lazard ?