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Yves Boisset (1939-2025)

01 mai 2025
Numéros de page :
pp.162-171
Pour qui connaissait Yves Boisset, le premier paradoxe de cet homme qui incarne à jamais un certain cinéma longtemps caractérisé comme "politique" et qui était pour le moins citoyen, engagé, urticant et polémique, était de présenter un visage des plus avenants, de se révéler d'une douceur, d'une patiente, d'une empathie peu communes. À l'inverse donc de la rugosité, pour ne pas dire plus, des sujets de ses films. Pour se fâcher avec Yves Boisset, il fallait se lever de bonne heure. Nous n'en avons jamais eu ni le désir ni l'occasion. Et nous avons à l'inverse entretenu pendant de longues années des liens d'une amitié sincère, durable, chaleureuse. Oui ont (entre autres) débouché sur un numéro de l'ASC consacré à "Dupont-Lajoie" (589). Comme le dit, avec une émotion vive, Christophe Malavoy dans le billet qui suit, la disparition de Boisset n'a pas ému les foules, ni les médias. C'est évidemment déplorable autant qu'inexplicable. Sauf à admettre bien sûr qu'un film chasse l'autre et que le cinéma ne saurait se fondre dans l'Histoire. Nous soutenons bien entendu l'inverse : le cinéma a, d'une certaine manière, inventé l'immortalité, et il reste envers et contre tout le témoin le plus fiable du temps dans lequel il s'inscrit. À cet égard, les films d'Yves Boisset constituent une balise précieuse de leur temps, notamment des années 1970, ces années de feu auquel son cinéma a de toute évidence beaucoup apporté...