De récents travaux en neurosciences le disent : notre cerveau est façonné par notre métier. Au fil de l'acquisition de l'expérience, les aires cérébrales et les réseaux de neurones se modifient en profondeur. Au point que l'imagerie cérébrale montre la trace de véritables "déformations professionnelles". Une découverte qui interroge la conception que nous avons de notre identité.

Il y a vingt-cinq ans presque jour pour jour, en mars 1989, Jean Gattégno entamait son « Discours aux bibliothécaires » en attirant l'attention sur l'évolution de leur métier. Il recensait alors « deux sortes de révolutions dans le métier de bibliothécaire ces cinq ou dix dernières années» : la décentralisation et l'introduction de techniques nouvelles, notant au sujet de la seconde que« moins importante dans l'immédiat, [elle] le sera peut-être plus à terme». C'était clairvoyant.

Si le métier change, le bibliothécaire gagnera à faire quelques pas de côté. Observer d'autres métiers qui, eux-aussi, changent peut être l'occasion d'un regard renouvelé. Au-delà des clichés, que peut-on apprendre de la rencontre fortuite d'un ingénieur et d'un bibliothécaire sur une table de dissection ?

L'importance prise par la médiation engage le bibliothécaire à enrichir l'organisation et la diffusion des documents de contenus associés qu'il lui revient de produire. Une chance d'exprimer un engagement subjectif dans son domaine de compétence qui, contexte numérique oblige, requiert de nouvelles aptitudes.

La fusion des retraites complémentaires Agirc (pour les cadres) et Arcco (pour l'ensemble des salariés), effective à partir du 1er janvier 2019, oblige à établir des critères objectifs pour préciser le statut de cadre. Le nombre de cadres a augmenté de 24% depuis 2000, alors que l'emploi salarié n'a progressé que de 5% dans le même temps. La hausse du poids de la fonction est cohérente avec l'augmentation générale des compétences. Toutefois, cette catégorie d'emploi, dans laquelle on perçoit plus de servitude que d'avantages, attire moins désormais.

Les politiques de gestion des compétences promettaient de relancer l'ascenseur social dans les entreprises. Elles n'ont pas tenu leurs promesses.

L'expérience professionnelle est faite d'une multitude de savoirs informels. Les apprentissages implicites, souvent inconscients, en constituent une grande part. Mais pour les transmettre, il faut déjà les débusquer.

Fini, les baratineurs sans foi ni loi : les métiers commerciaux gagnent en expertise. Bon à savoir quand les embauchent continuent, y compris de débutants, dans un secteur qui résiste à toutes les crises.