Destruction de l'individu par la déesse Technologie, primauté de l'économique sur le politique : dans un essai dense et exigeant, Sébastien Lapaque, journaliste et critique, analyse les visions prémonitoires du grand romancier, disparu en 1948, encore souvent incompris.

Georges Bernanos n'a pas seulement écrit "Sous le soleil de Satan" et "le Journal d'un curé de campagne", loin de là ! L'écrivain François Angelier, producteur de "Mauvais genre" sur France Culture, signe une puissante biographie de ce romancier au parcours personnel et politique épique - et souvent paradoxal.

D'un côté, Georges Bernanos, notre grand écrivain réfractaire, qui entre cette année dans le domaine public. De l'autre, l'auteur du "Petit Prince". Deux destins parallèles aux heures sombres de l'histoire de France.

Gilles Bernanos, son petit-fils et administrateur de son oeuvre, explique en quoi le glorieux pamphlétaire nous est indispensable pour penser notre siècle. Nombre de ses écrits sont réédités, dont le prophétique "La France contre les robots". Entretien.

Du temps de ma jeunesse frondeuse, joyeuse et batailleuse, où nous rejouions pour rire les combats perdus des hussards et de la droite alcoolisée, je me moquais volontiers de François Mauriac, punaise de sacristie, et de ses romans mélangeant l’eau bénite et l’eau de bidet. Dans les internats où s’étaient étiolées les dernières années de mon enfance, j’avais lu pourtant le Baiser au lépreux, Thérèse Desqueyroux, le Nœud de vipères.

Georges Bernanos fut le "romancier du nihilisme et de la grâce", écrit Frédéric Boyer. Pour l'auteur de Sous le soleil de Satan, "chacun de nous est tour à tour, de quelque manière, un criminel ou un saint". Chez lui,"le bien n'est jamais ce qu'il paraît être. Ni le mal, d'ailleurs. L'adversaire est précisément celui qui a l'intelligence des illusions ou des apparences du bien". Sommaire. Bernanos, contre tous les nihilismes contemporains. Colères franco-espagnoles. La Grande Peur des bienpensants : un adieu à Maurras. Sous le soleil de Bandol (novembre 1945- août 1946).

De Gaulle n'en finit pas de nous fasciner. Parce qu'il était habité par autre chose que lui-même. Par exemple, il se sentait de plain-pied avec Richelieu, figure politique et, comme lui, « serviteur de la grandeur de la France », rappelle Eric Roussel. De Gaulle intime, de Gaulle et ses influences profondes, c'est l'autre dossier de ce numéro de la "Revue des Deux Mondes". L'homme du 18 Juin détestait les intellectuels mais aimait les écrivains. Bernanos notamment. « C'est la vocation et le salut de la France qui les inspiraient l'un et l'autre pendant la guerre », écrit Jacques Julliard.

Historien et directeur des Editions Bouquins, l'auteur du "Corps d'origine" analyse les dérives de notre vie politique.

Blanche de la Force, la religieuse dévorée par la peur de "Dialogues des carmélites", n'a jamais existé. Et Thérèse de l'Enfant Jésus, partout présente dans l'oeuvre de Bernanos, n'y apparaît pas directement. Elle s'y cache et s'y révèle par échos et reflets, notamment sous les traits de Chantal de Clergerie, la figure centrale du diptyque "L'Imposture" et "La Joie" ; ou ceux de soeur Constance de Saint-Denis, la jeune novice de "Dialogue des Carmélites", persuadée de mourir en offrant sa vie pour d'autres qu'elle-même.