Le nom de Corman fait surgir instantanément des affiches criardes sur lesquelles des monstres herculéens défient des 'teenagers' convulsés, une promotion de bandes bâclées en quelques jours et tournées à la chaîne. Mais cette industrie commerciale peut connaître ses moments d'art, comme l'atteste le cycle consacré à l'adaptation de nouvelles d'Edgar Allan Poe, entre 1960 et 1964.

En attendant et sans l'avoir dessiné en amont, ce numéro ressemble à un grand bain bouillonnant de cinéphilie active, à un (joli) raccourci de l'Histoire du cinéma, les films choisis allant de 1927 à 2018. Le panorama est évidemment plein de manques (on ne peut pas retracer toute la légende du 7e Art en seulement quelque 50 films), mais procure néanmoins des émotions vivaces, nous rappelant que nous avons un point commun avec ceux qui font des films, cet amour indépassable du cinéma. Qui est le reflet de nos vies, de nos sentiments, de nos colères, de nos réflexions. Sommaire.

Le film à sketches est un joyeux fouillis. Tel cinéaste utilise le format court pour se livrer à des variations sur un thème ("Le Plaisir", de Max Ophuls), tel autre cache un de ses chefs-d'oeuvre dans un ensemble disparate ("Que sont les nuages ?" de Pier Paolo Pasolini, dans le collectif "Caprice à l'italienne"), ou tel autre se grise de caricatures d'autant plus efficaces qu'elles sont brèves (Dino Risi, dans plusieurs titres). Les acteurs, quant à eux, offrent un concentré de leur art dans la forme courte (Charles Laughton dans "The Clerk" d'Ernst Lubitsch- il est vrai !

Si l'actualité du cinéma ne trouve plus sa place dans les salles depuis qu'un satané virus a figé l'humanité d'un coup de baguette maléfique, le cinéma n'en reste pas moins au coeur de de ceux qui observent le monde. Il nous a semblé judicieux à "L'Avant-scène cinéma" de regarder comment les films ont traités de ce fameux confinement qui est depuis quelques mois sur toutes les lèvres et dans tous les esprits. Le terme est suffisamment large pour embrasser des milliers de films.Nous en avons choisi trente, laissant à regret des cohortes de chefs-d'oeuvre sur le bord de la route.

Hommage à Michel Piccoli en 30 films

Richard Donner a dédié sa carrière au cinéma de divertissement, ces films que l'on prend plaisir à regarder et qu'il s'amusait à tourner. On lui doit le film de super-héros canonique ("Superman"), un classique de l'épouvante ("La Malédiction"), et un autre film du film d'action ("L'Arme fatale"), un films pour enfants culte ("Les Goonies") et quelques oeuvres plus fragiles et méconnues ("Rendez-vous chez Max's", "Radio Flyer"). Retour sur le parcours d'un professionnel, disparu en juillet dernier.

La mort du grand acteur... Le décès de Michel Bouquet a créé une avalanche prévisible d'éloges hagiographiques, mais fut également paré d'une étrange aura. Celle d'un événement d'une infinie tristesse, mais en même temps parfaitement naturel. Certes, l'âge avancé du comédien participe évidemment à ce phénomène, nous sommes loin du décès prématuré de son camarade de conservatoire Gérard Philippe. Mais il y a plus que cela...

Du 75e Festival de Cannes, les météorologues retiendront qu'il a coïncidé avec des records historiques de température. Comme si le soleil avait voulu se montrer raccord avec la précédente édition, décalée en juillet pour cause de pandémie. La section éphémère "Cinéma pour le climat" avait quant à elle disparu, même si c'est un cri du coeur profondément écolo, "Tout ce que nous respirons" de Shaunak Sen (séance spéciale), un cri d'alerte contre les ravages de la pollution atmosphérique en Inde, qui a remporté l'Oeil d'or du meilleur documentaire.

Jean-Louis Trintignant, disparu juste avant l'été 2022 dans le Gard qui lui était cher, a tourné près de 150 films. Les commentaires apparus depuis sur son oeuvre de comédien évoquent la discrétion, une séduction spéciale fondée sur la délicatesse et le mystère, la sensualité (de la voix, du sourire, du regard). Salaud chez Bertolucci, Deville ou Cavalier, vertueux chez Costa-Gavras ou Rohmer, maussade chez Kieslowski ou Corbucci, Trintignant transcende la complexité et la diversité de ses rôles en maintenant avec le public international une familiarité, un lien de tendresse.

La parution, en décembre2020r chez Warner, d'un imposant coffret incluant tous les films réalisés par Clint Eastwood ainsi que tous ceux où il joue l'un des rôles principaux, constitue une nouvelle occasion de se plonger dans son oeuvre, aussi cohérente devant que derrière la caméra.

L'actualité éditoriale autour d'Ozu ne montre aucun e signe de faiblesse. Carlotta Films, redoutable pourvoyeur de beautés compressées, poursuit son travail de réédition des oeuvres du maître japonais. Après une intégrale que l'on voudrait pour stèle mortuaire, voici un coffret Blu-ray qui propose les copies restaurées, magnifiques, disons-le tout de go, des six films en couleurs d'Ozu, ses six derniers tournés entre 1958 et 1962.

La rétrospective "Pionnières du cinéma soviétique" organisée par Irène Bonnaud et Bernard Eisenschitz a eu pour objet de présenter un pan méconnu de l'histoire du cinéma soviétique des années 1920 aux années 1940 qui tient à la présence en nombre de femmes réalisatrices, phénomène assez unique dans le contexte de la production de l'époque.