La dernière séquence du "Conformiste" se déroule entre le Capitole et le Tibre, au théâtre de Marcellus, le Teatro di Marcello. Commencé par Jules César, le Teatro di Marcello fut achevé onze ans avant notre ère par Auguste, qui le dédia à son neveu Marcellus. Pourtant héritier logique de son oncle, ce neveu était mort à dix-neuf ans et Virgile le pleure au chant VI de "L'Enéide" (...). Le Destin dont parle Virgile, on verra dans ce numéro d'"Avant-scène cinéma" que Bertolucci estimait qu'il présidait au sort du personnage du roman de Moravia.

Chaque film de Robert Guédiguian apporte une pierre supplémentaire, une pierre précieuse en l'occurrence, à un édifice décidément majestueux, une comédie humaine contemporaine dont chaque inflexion est une photographie en temps réel du monde qui nous entoure. Son regard est sans doute empreint d'une certaine noirceur, mais celle-ci est le plus souvent compensée par un engagement humaniste qui jamais ne se dément.

Que le nouveau film de Frederick Wiseman, à première vue une exploration du fonctionnement des affaires courantes à la mairie de Boston, arrive sur nos écrans quinze jours avant les élections américaines rappelle à quel point son cinéma, nourri de longues périodes d'observation, est tout autant traversé par une forme d'urgence. Manifeste politique sans discours ni slogans, "City Hall" ne peut l'être qu'en s'ouvrant de toutes parts, pour se laisser traverser par les paroles multiples, qu'il ne confisque jamais pour tirer la couverture à lui.

Dans son précédent film, "Monrovia, Indiana", Frederick Wiseman traçait un portrait désespérant de l'Amérique rurale : folie mortifère de l'agriculture intensive, cancers décimant la population d'agriculteurs, absence de vie culturelle et pauvreté du lien social. Comme toujours chez le cinéaste, ce constat sans appel s'affranchissait des seules frontières américaines auxquelles beaucoup aimeraient pourtant le cantonner. Les films de Wiseman sont moins des monographies pointilleuses que des allégories impitoyables de notre humaine condition.

Cecilia Mangini, morte le 21 janvier 2021, à l'âge de 93 ans, fut la première femme documentariste du cinéma italien, et tout simplement une grande cinéaste. Ses films, essentiellement des courts métrages, sont des odes vibrantes aux marginaux, aux oubliés, aux déclassés, à tous ceux que la société et le temps excluent et annihilent. L'article se poursuit par l'hommage de Anne-Violaine Houcke intitulé "Enragés sublimes de notre temps, Mangini et Pasolini".

La colonisation et l'esclavage qu'elle suppose sont d'une actualité brûlante (les 30 ans de la loi Taubira, les célébrations de Napoléon qui rétablit l'esclavage, la polémique sur la présence ou non de Blancs à certains débats...). Le cinéma depuis ses origines a mis en scène maîtres et esclaves, dans l'Antiquité, dans le sud des Etats-Unis, à Rome, à Charleston ou à Atlanta. S'il a véhiculé des préjugés qui nous apparaissent maintenant comme intolérables, il a aussi reflété l'évolution des idées et des moeurs. Entre "Naissance d'une nation" (D.W.

Du 9 au 13 juin 2021, le Festival Cinélatino consacre à Toulouse un cycle de six longs métrages à la documentariste brésilo-néerlandaise Maria Augusta Ramos, en sa présence.

Le critique américain Gavin Smith nous informe de l'état de l'Union, au prisme de la sortie estivale d'"American Nightmare : Sans limites", cinquième volet d'une franchise qui se prête aux interprétations politiques tous azimuts.

Régulièrement, les "Cahiers" sont revenus sur ces deux questions qui les intéressent depuis toujours : que fait le cinéma français de la France, et que fait-il de la politique ? Des questions bien sûr intimement liées, et qui furent dans cette revue l’objet d’importants ensembles ces dix dernières années : « La France, qu’en pense le cinéma ? » (no 665, mars 2011) et « Le vide politique du cinéma français » (no 714, septembre 2015).

Auteur sous-estimé de son vivant, le réalisateur allemand Robert Siodmak (1900-1973) est de ceux que depuis 30 ans, les recherches et les rééditions ont permis de découvrir. Il a connu les catastrophes et les injustices caractéristiques du siècle dernier. Il leur à répondu à sa façon. Sommaire. Le faux coupable et la justicière : quatre erreurs judiciaires. Amour et fatalité. La tentation du musical. L'avers des corps. Le dernier "noir" de Robert Siodmak "La Femme à l'écharpe pailletée". La spirale de l'escalier. Siodmak et Lancaster ou le délit de l'initié. D'une folie l'autre.

S'ils ont été deux grande figures de l'insoumission dans les années 70, de celles que l'on dit par facilité sulfureuses ou scandaleuses, Fassbinder et Pasolini apparaissent par ailleurs comme la carpe et le lapin - un poisson gras et orgiaque, farfouillant sans relâche dans la boue, et un lièvre taillé à la serpe, d'une discipline de fer. Pasolini est un athlète de l'intensité, tenté par l'ascèse, rétif aux excès et désordres, plutôt sévère, intransigeant, voire imprécateur ; Fassbinder un ogre de plus en plus bouffi, qui travaille comme il mange, boit et se came, jusqu'à l'overdose.

Le centième anniversaire de sa naissance, la ressortie en salle dans des copies restaurées de "Main basse sur la ville" et de "Cadavres exquis", des rétrospectives à la cinémathèque de Toulouse, au Cinemed de Montpellier et à l'Institut Lumière à Lyon, un colloque à l'université de Toulouse, nous ont incités à revenir une nouvelle fois sur l'oeuvre de Francesco Rosi sur lequel notre revue a écrit plus qu'aucune autre.