Croissance au beau fixe, chômage en baisse, droite en capilotade... Et pourtant ça flotte à Matignon. L'intervention du Premier ministre, la semaine dernière sur France 2, a fait mauvaise impression.

Un "cadeau" de 38 milliars grâce notamment à la diminution de la TVA, mais pour l'impôt sur le revenu il faudra attendre. Contrairement aux conseils de Fabius et aux espoirs de Strauss-Kahn, le Premier ministre a pris le risque de décevoir les classes moyennes.

Européen, défenseur des droits de l'homme, libéral, décentralisateur, le président de la République est apparu le 14 juillet plus proche du centre droit que du RPR. Au point de faire figure aujourd'hui de futur candidat...UDF à la prochaine élection présidentielle.

Les élections avaient réduit le RPR à sa plus simple expression. Les règlements de comptes ont mis la chiraquie en miettes. Chronique d'une noyade collective sous l'oeil désabusé du chef.

Son dernier échec - le refus d'une liste unique aux européennes - n'y change rien : le président se croit toujours le chef incontesté, alors qu'il est de plus en plus seul.

On se demandait qui, dans la majorité, allait claquer la porte le premier. Et l'explosion ne s'est pas produite. C'est que Jospin a su maintenir dans son camp la culture du débat.

Les voici, ces Français écartés du pouvoir depuis un an, effarés par la bourde de leur chef, par leur défaite. A l'initiative du "Nouvel Observateur", ils ont accepté de parler entre eux, à bâtons rompus - loin des états-majors -, de leurs valeurs, de leurs projets, de leur colère, de la France dont ils rêvent.

Une croissance qui repart, un gouvernement qui bat des records dans les sondages... Rarement la situation n'a été aussi favorable à la modernisation de la France.

Demandez aux Français ce qu'ils veulent changer pour améliorer leur système démocratique et ils répondent : les têtes ! Bousculer le personnel politique, oui. Faire sauter les structures, c'est une autre histoire...

La cohabitation n'est pas un dysfonctionnement de la Ve République, mais une ruse inventée par les citoyens pour rééquilibrer la fonction présidentielle.