Dans la vie réelle, jospinistes comme chiraquistes s'efforcent de rester "politiquement corrects". Sur la Toile, les cybermilitants des deux bords ridiculisent volontiers l'adversaire.

Cherchez l'erreur : l'électorat échappe à l'arithmétique. Volatil par définition, il est devenu, à moins de quinze jours du premier tour, totalement irrationnel. Le meilleur signe : 40% des électeurs disent pouvoir changer d'avis. Et certains même apporteraient leurs suffrages non à l'allié de leur candidat mais à son adversaire.

Après un Mitterrand retors et face à un Chirac plombé par les affaires, Jospin incarne, à juste titre, la vertu. Seulement voilà : la vertu, de nos jours, se vend mal. Petite chronique irrespectueuse d'une métamorphose.

Ceux qui l'aiment l'appellent Arlette ; les autres, "la momie rouge". Jadis vouée à l'anonymat, elle est aujourd'hui une institution qui se visite, une sorte de musée politique.

Jospin et son conseiller spécial ne sont d'acord que sur un point : l'Elysée revient au premier. Mais pour s'imposer à Matignon, Fabius mène en solitaire sa propre campagne.

C'était le mal-aimé de la campagne. Quelques sondages favorables brusquement lui ont donné un moral de champion. Dur, pour le candidat écolo, de ne pas céder à l'euphorie.

Chirac contre Jospin à la baisse, les "petits" à la hausse : comme si les Français refusaient le grand choix. Et considéraient le premier tour comme un jeu.

Le Pen avant Jospin ! Dimanche noir qui a vu le champion de l'intolérance, de la xénophobie et de l'exclusion entraîner derrière lui la France de la peur, l'armée déboussolée des sans-espoir.

Dès qu'un fait divers violent trouble les Français, le premier réflexe des élus est de proposer une loi.

Penser l'impensable : Jean-Noël Jeanneney, l'ancien patron de la CFDT Edmond Maire, les politologues Marc Lazar et Etienne Schweisguth, le psychanalyste Michel Schneider et Jacques Julliard livrent leur interprétation du choc électoral que personne n'avait vu venir et qui a mis la France politique cul par-dessus tête.