Pour le célèbre consultant français, LE vrai risque pour 2020 est la possibilité, sur le terrain géopolitique, d'un acte de guerre brusque et irréfléchi lancé par un président américain obsédé par sa réélection.

Après la Crimée cherchera-t-il à prendre le contrôle de l'est de l'Ukraine ? Pour l'expert en géopolitique François Heisbourg, la Russie a des intérêts économiques qui pourraient la contraindre à faire machine arrière.

Dans un monde inexorablement interconnecté et interdépendant, où la réalité stato-nationale, les relations interétatiques, et l'hégémonie sont de plus en plus déstabilisées, où les enjeux sociaux (sécuritaires, alimentaires, environnementaux...) surclassent les enjeux stratégiques, que pourrait être le "multilatéralisme d'après" ?

En ce début de décennie 2020, les principaux enjeux nucléaires stratégiques relèvent de politiques de puissance au plan mondial. Il ne s'agit pas d'un retour des grandes puissances nucléaires sur la scène internationale - parce qu'elles ne l'ont jamais quittée - mais d'une exacerbation de leur caractère propre, ce qu'illustre avec fracas la guerre d'invasion russe contre l'Ukraine. Dans le même temps, les antagonismes régionaux qui comportent un facteur nucléaire ne s'atténuent pas.

Adieu au monde unipolaire ! Que ce soit à l'Otan, en Irak ou en Amérique latine, Washington ne peut plus faire ce qu'il veut.

Un an après la main tendue de Barack Obama au régime iranien, les espoirs d'un dialogue ont disparu. Les Etats-Unis souhaitent renforcer les sanctions contre la République islamique. Mais ce moyen de pression a montré ses limites. C'est pourquoi la Chine ou le Brésil s'y opposent.

Contrairement à Bush, l'actuel occupant de la Maison-Blanche privilégie les réunions internationales et les grands discours au détriment des liens d'amitié avec ses homologues.

Le sommet sur la sécurité nucléaire de Washington a permis au président américain d'affirmer sa vision des relations internationales. Et de tourner définitivement la page sur son prédécesseur.

Si Damas a effectivement livré des missiles Scud au Hezbollah, cela veut dire que la politique d'ouverture d'Obama et de l'Europe en direction du régime syrien a été un échec. Mais quelle stratégie adopter ?

La multiplication de nouveaux acteurs nucléaires (Pakistan, Israël, Corée du Nord...) ainsi que l'apparition de nouvelles menaces (terrorisme) conduisent à interroger la validité de la dissuasion nucléaire au XXIe siècle, car les modèles de dissuasion inventés au temps de la guerre froide ne correspondent plus au monde multipolaire d'aujourd'hui.

La crise européenne, le repli américain et la montée en puissance de l'Asie remettent fondamentalement en cause l'ordre international. Après une période (1991-2013) d'interventionnisme militaire d'une part, d'affirmation du droit international comme composante de la régulation mondiale de l'autre, comment envisager les évolutions stratégiques et militaires dans un monde mouvant ?

La puissance reste au coeur des relations internationales, ce que l'Union européenne a bien du mal à comprendre. Les Etats ne sont pas les seuls acteurs dans ce domaine ; ils demeurent centraux, mais, pour reconstruire un ordre, il faut aussi savoir s'appuyer, par exemple, sur les sociétés civiles qui émergent et font entendre leurs revendications.