Aux yeux du président américain, la chute de Saddam devait permettre d'établir la démocratie en Irak puis dans toute la région, de faire reculer le terrorisme... et d'affirmer la puissance des Etats-Unis. On en est très loin aujourd'hui.

L'attentat contre l'ONU, la longue liste des soldats tués, le coût exorbitant de la guerre : en Amérique, l'opinion publique s'impatiente. Et, pour la première fois depuis le 11 septembre 2001, l'avenir du locataire de la Maison-Blanche s'assombrit.

A la veille de l'élection présidentielle, la résolution votée par le Conseil de Sécurité sur le transfert du pouvoir aux Irakiens offre un répit à l'administration américaine... tout en ouvrant la porte à un retrait éventuel moins déshonorant que celui du Vietnam.

En un week-end, "Fahenheit 9/11" a fait plus d'entrées que "Bowling for Columbine" dans toute sa carrière. Cela suffira-t-il à faire basculer les électeurs indécis du côté de John Kerry ?

Pour battre le président sortant, ils organisent des concerts, lèvent des millions de dollars et alertent des milliers d'activistes par internet. Ils ont dopé la campagne de John Kerry

Pour les Etats-Unis, pour le monde, pour nous, la réélection de George W. Bush serait une catastrophe.

Le grand écraivain publie "De Marquette à Veracruz", un superbe roman dans la lignée de "Dalva", et parle de Bush, du sexe, du suicide et des ours.

Dans un pays où les emplois stables disparaissent, où les inégalités augmentent, où la domination anglo-saxonne devient chaque jour plus précaire et où la tragédie du 11 septembre 2001 a exacerbé le besoins de sécurité, George Bush joue la carte du vote "testostérone" pour apaiser les angoisses de ses compatriotes.

Le retard de John Kerry dans les sondages se réduit de jour en jour, en raison surtout de l'aggravation du chaos irakien : plus d'un Américain sur deux juge aujourd'hui que l'invasion de l'Irak a rendu le monde moins sûr. Face à son adversaire démocrate, George W. Bush pourra-t-il se contenter, comme il l'a fait jusqu'à présent, de se déclarer optimiste et de proclamer sa foi dans la justesse de sa cause.

Dans les "swing States", ces Etats clés où George Bush et John Kerry sont au coude-à-coude, chaque voix peut faire la différence. Au porte-à-porte, quartier par quartier, les équipes des deux candidats s'affrontent pour mobiliser leurs fidèles et convaincre les électeurs indécis.

Alors que les pronostics restent extrêmement serrés, où en sont les candidats, quels sont leurs atouts et leurs faiblesses dans la dernière ligne droite ?

Depuis 1972, l'Amérique profonde vote largement républicain. Dans un pays qui n'est toujours pas remis du traumatisme du 11 septembre 2001, cette réalité risque de peser plus lourd dans les urnes que les performances médiatiques des candidats. C'est ce que montre l'étude réalisée, comté par comté, par le géographe Frédéric Salmon.