Entre le premier de la classe et l'agitateur incontrôlable, il n'y eut jamais qu'une entente de façade. Jusqu'au clash de vendredi dernier. Récit d'une rupture que les divergences politiques ne suffisent pas à expliquer.

Une chose était sûre : le nouveau président allait marquer le début de son septennat par des mesures spectaculaires. Trois mois après, si Chirac a su trouver "les mots justes" sur la Bosnie et sur Vichy, on cherche en vain les traces du feu d'artifice annoncé...

Una majorité qui ne peut plus se passer des balladuriens hier rejetés... Un gouvernement et un président qui dominent mal leurs quatre dossiers sensibles - emploi, Europe, nucléaire, Bosnie... Une droite touchée en pleine face par ces "affaires" qu'elle reprochait tant à la gauche...

Le Premier ministre tient-il les promesses du candidat ? En partie, mais l'essentiel est ailleurs : son plan pour l'emploi, cohérent mais injuste, ignore les bouleversements en cours dans notre société et la nécessité d'un nouveau modèle de développement.

Le plan du Premier ministre poursuit deux objectifs contradictoires : la baisse du chômage par la relance de l'économie et la réduction du déficit par la hausse de la TVA. Exercice difficile...

Si la droite attendait l'effet Chirac, elle a eu l'effet Le Pen... Et même si la gauche a résisté plus vaillamment qu'elle ne l'espérait, la percée du Front national risque encore de s'affirmer.

Les balladuriens écartés sans pitié, les membres de la garde rapprochée du nouveau président trustent les postes stratégiques. Le septennat ne commence pas sous le signe du rassemblement.

Grèves à la SNCF, à la RATP, chez Air Inter, conflits chez Renault, Yoplait ou Otis, paralysie en Corse... Pour la première fois en France, les Français se lancent dans des mouvements revendicatifs en période électorale...

Une majorité de Français, 57%, ont une sensibilité populiste. La France populaire est-elle en train de perdre ses repères traditionnels ?

De l'état de grâce des premiers mois aux incertitudes d'une guerre des chefs qui déchire la majorité, de la "nouvelle moralité politique" à l'enlisement dans les "affaires" et à la démission de trois ministres, en passant par les fiascos de Riyad et de Pékin, l'image du Premier ministre n'a cessé de se dégrader...

Dix mois après la déroute des législatives de mars 1993, l'opposition vient de donner les premiers signes d'un réveil d'autant plus remarqué que Balladur a vécu sa semaine la plus noire depuis son installation à Matignon.