On ne naît plus jolie, on le devient. Avec les prouesses de la chirurgie plastique, les applis de retouche et les tutos de maquillage extrême, tout crapaud peut devenir sylphide. Finie, la grâce innée d'une Audrey Hepburn. L'extinction des déesses vintage est imminente !

La célébration du corps est le sujet principal de l’art grec. Les artistes n’ont cessé de rivaliser de génie pour représenter la rhétorique et la mise en mouvement des corps, idéalisant la réalité dans leurs œuvres sculptées. Aujourd’hui, l’œil contemporain déambulant dans les musées est attiré par ces corps dénudés, des hommes presque systématiquement, à la plastique parfaite, à la nudité athlétique à laquelle les Grecs vouaient un véritable culte. Or cette valorisation, dans l’art et plus largement dans la société, demeure toujours d’actualité même si son sens profond a changé.

La pandémie a été l’occasion de rééprouver la dimension incarnée de nos existences. L’expérience de la maladie, la perte des liens sensibles et des repères spatio-temporels, le questionnement sur les vaccins, ont redonné son importance à notre corporéité. Ce « retour au corps » est venu amplifier un mouvement plus ancien mais rarement interrogé : l’importance croissante du corps dans la manière dont nous nous rapportons à nous-mêmes comme sujets.