La démarche comparative que l'anthropologue Marcel Mauss (1872 - 1950) élabore en grande partie avec son jumeau de travail, l'historien Henri Hubert, entre la fin du xixe siècle et le début du XXe siècle, relève de logiques multiples. Comme méthode, elle est une stricte et minutieuse approche philologique des sources. Comme état d'esprit, elle relève d'une manière d'apprivoiser l'inconnu. Comme perspective critique, elle constitue un formidable outil scientifique d'objectivisation de la recherche, en particulier en histoire des religions. Cet ouvrage se propose de montrer quels ont été les principaux effets de ce comparatisme ni systématique, encore moins achevé, mais que l'on peut reconstituer en suivant la manière dont Marcel Mauss aborda certains phénomènes religieux, comme le sacrifice, la magie ou la prière. Ceci n'est pas seulement un nouveau livre sur Mauss et sur sa manière d'observer les phénomènes sociaux. C'est un livre sur les effets d'un comparatisme radical et subversif qui ne laisse jamais en paix celui qui décide de le mettre en oeuvre pour explorer et comprendre la diversité humaine

Qu'est-ce que compatir ? Quel rapport à la souffrance la compassion nous impose-t-elle ? À quelles contradictions cette morale nous expose-t-elle ? Ces questions se posent d'autant plus vivement qu'avoir de la compassion semble être devenu le signe de " l'humanité " en nous. Si le compassionnel, mais aussi les idées de soin et de sollicitude dominent la morale et la représentation que les hommes se font d'eux-mêmes et apparaissent aussi indiscutables, c'est qu'ils reflètent nos angoisses contemporaines. Mais pourquoi un tel empire ? Et comment celui-ci s'est-il progressivement échafaudé ? Dans cette édition revue et augmentée, Paul Audi prend pour point de départ l'articulation de ce problème philosophique : la compassion relève-t-elle de l'amour ou de la justice ? Et pour mieux la définir et découvrir ses paradoxes, il retrace les grandes étapes de l'histoire de la notion de compassion, d'Aristote à Levinas. Préface inédite de l'auteur

Faire l'histoire de la pensée de la guerre de 1780, date de la naissance de Clausewitz, à 1837, année de publication du dernier volume de ses œuvres complètes par sa veuve, tel est le pari d'Hervé Drévillon dans ce livre remarquable d'intelligence et d'originalité. Car au-delà du parcours du plus célèbre théoricien de la guerre, la période 1780-1837 se caractérise par l'émergence de la théorie militaire comme un véritable champ littéraire. Considéré, à cette époque, comme l'auteur de référence de ce domaine, Antoine de Jomini attaqua la théorie de Clausewitz et sa mise en œuvre qui s'appuyait sur une « plume facile » mais « parfois un peu vagabonde » et « surtout trop prétentieuse ». L'inconstance de la plume de Clausewitz reposa sur sa conscience aiguë des problématiques de la théorie militaire. Il est donc utile de s'appuyer dessus pour étudier la construction de la pensée militaire par de nombreux auteurs qui pensèrent et écrivirent la guerre. Contrairement à la vision idéaliste de Clausewitz, la plupart se référèrent à la réalité des conflits armés pour tenter d'offrir des principes répondant à des questions essentielles : que faire en guerre et quel est le lien entre guerre et politique ?

Une étude conjointe sur ces deux penseurs, qui ont choisi, l'un et l'autre, d'explorer les grandes questions de leur temps sans tenir compte des frontières disciplinaires qui organisent le savoir mais en réduisent la portée politique et opératoire. ©Electre 2023

Une étude de la poésie de Keats sous le prisme de la couleur : le blanc, le bleu, le jaune, le vert et le rouge. L'auteure examine le changement d'optique ou de perception, ainsi que les phénomènes d'invisibilité et de trompe-l'oeil. ©Electre 2023

Présentation d'une soixantaine de sculptures, de dessins, de peintures et de gravures du sculpteur français, qui met en lumière le regard qu'il porte sur le corps. L'artiste belge Berlinde De Bruyckere offre un contrepoint contemporain à cette vision. ©Electre 2024

Une étude bio-bibliographique sur Thomas Owen salué par la critique comme le père du fantastique belge.

Un ancien Montessorien analyse les textes de Maria Montessori pour rappeler les enjeux de l'éducation, autrement dit de la vie. Il en profite pour illustrer comment se construit un mythe. Quelles que soient les théories, les écoles et les méthodes, il n'existe que des relations. Elles sont toujours ambivalentes, stimulantes, épanouissantes, ou entravantes et menaçantes. Elles favorisent libération et production de soi, ou résignation et conformisme. Cependant, la frontière n'est jamais claire et c'est le plus souvent ce qui suit qui permet de comprendre ce qui a précédé. Loin des recettes simplistes, l'auteur offre des repères pour permettre à qui en a le désir d'inventer sa mission éducative. S'il est naturel de faire des enfants et de les éduquer, c'est aussi l'un des phénomènes les plus mystérieux. Mieux vaut savoir où on met les pieds et, si possible, éviter embûches et chimères !