Lorsque Jean-Samuel Kriegk appelle Ersin Karabulut sur Skype pour une interview à distance, il reconnait immédiatement le personnage de la BD, sur lequel se greffe un sourire immense. Une demi-heure suffit pour réaliser que l'homme est aussi admirable que son oeuvre. Dans son précédent livre, "Contes ordinaires d'une société résignée", Ersin Karabulut se moquait de l'absurdité du monde contemporain sous l'angle de la fable. Cette fois, il utilise l'autobiographie pour raconter les démons de la Turquie d'aujourd'hui. Pourquoi utiliser son expérience personnelle d'auteur de bande dessinée ?

Grâce à Salva Rubio, la culture en langue française est en mesure de faire le paon sur les étagères des librairies espagnoles et d'ailleurs. Véritable puits sans fond, ce scénariste et historien s'intéresse autant aux artistes de tous bords qu'à tous les grands témoins qui ont influencé l'histoire de par leurs actes. A la faveur d'un échange épistolaire tel qu'il se pratiquait naguère, Salva Rubio répond directement dans la langue de Molière tout en prétendant qu'il doit tout au traducteur automatique de son ordinateur. A d'autres !

Rétif au train-train des grandes maisons d'édition américaines, le dessinateur texan préfère garder son indépendance afin qu'aucune limite éditoriale ne vienne borner le territoire de son imagination fertile. Grand maître de l'humour noir, Terry Moore revendique, et assume, des histoires plus proches des "Contes de la crypte" que de la réalité alentour. Pour sa dernière livraison, "Serial", les fans de la série "Rachel Rising" vont apprécier le retour gagnant de Zoe, une petite fille qui n'a pas son pareil pour manier la hache.

Chez tout bon Pokémon, l'évolution du personnage est souvent une mauvaise surprise pour tous ses adversaires. Et c'est aussi le cas chez une pneumologue réputée et un ancien journaliste d'investigation quand les deux s'associent pour dénoncer un scandale médical qui n'a que trop duré. Et comme les choses sont décidément bien faites, Irène Frachon et Éric Giacometti sont en passe de devenir les Hercule Poirot et Miss Marple 2.0 que le monde du 9e art attendait avec impatience. Et si la BD d'investigation était le format d'avenir tant attendu ?

Tous deux issus de l'école Emile-Cohl à Lyon, auteurs de plusieurs livres pour enfants, ces deux jeunes auteurs se lancent dans la bande dessinée adulte avec le formidable "Speedball", qui paraît aux éditions Sarbacane. Atlantic City, 1976, l'ex-star du base-ball Graham Parson a perdu, à cause de son addiction à la cocaïne, son poste dans l'équipe mais aussi sa femme et son fils. Il en est réduit à tourner dans des films pornos de bas étage, mais sa difficulté à obtenir une érection correcte fait de lui un piètre prestataire de ce genre de fiction.

Commencé dans le fanzinat, le parcours de Pierre Maurel ne l'a jamais éloigné très longtemps de l'édition alternative et indépendante. Par choix, il est resté fidèle aux éditions L'Employé du moi, qui publient la série "Michel", dont le dernier opus figure dans la sélection officielle du Festival d'Angoulême.

Après "Seuls sont les indomptés", paru en 2019 chez Sarbacane, Max de Radiguès et Hugo Piette reforment leur duo, mais cette fois pour un récit jeunesse très ancré dans l'actualité. Dans "Eddie & Noé", ils évoquent le parcours de deux amis inséparables qui décident de s'investir dans la lutte contre le changement climatique. Pour ce faire, ils participent à des manifestations, et mobilisent les élèves de leur collège. Loin d'être réducteur, le propos de ce premier tome se veut engagé mais réaliste.

C'est tout un art que de savoir naviguer sans chavirer entre le Styx et le Mississippi et de pousser le rocher de Sisyphe par-delà sa montagne. Tout un art de passer la bureaucratie au peigne aiguisé de la philosophie et d'inviter au banquet général la moustache de Nietzsche et la barbe de Platon, le chant des sirènes et la truffe de Rantanplan. Un art hérité du siècle des Lumières, que Jul parfait en y ajoutant des pointes d'humour et une bonne dose de savante transgression.

Sur les images d'Adjim Danngar, les enfants sont peintres et poètes, les animaux, tels des ancêtres, enseignent aux hommes, le soleil ressemble à un grand guérisseur et seuls quelques-uns sont capables de voir le monde en couleur. Kandji, qu'il met en scène à plusieurs âges de son enfance, grandit à Sarh puis à N'Djamena, au Tchad, entre insouciance et inquiétude face au climat de terreur installé par les régimes politiques dans les années 1980 et 1990.

Les enfants des année 80, tout du moins ceux qui lisaient l'hebdomadaire "Spirou", ont été biberonné aux aventures de "Théodore Poussin". Trente-neuf ans après sa création, le 14e tome et désormais en bonne place chez les libraires afin que vous puissiez vous le procurer dare-dare. Rencontre avec. Frank Le Gall, son auteur.

Quand on évoque Boulet, on pense en premier lieu à son blog, qui en a fait l'un des grands noms de la bande dessinée numérique francophone dans les années 2010. On retient aussi sa participation à "Donjon Zénith", aux côtés de Lewis Trondheim et Joann Star, ou encore "La Page blanche" et la saga "Bolchoï Arena", dont il a signé les scénarios respectivement pour Pénélope Bagieu et Aseyn. Mais Boulet a surtout consacré une bonne partie de sa carrière à dessiner pour la jeunesse, notamment lorsqu'il faisait partie de l'équipe du magazine "Tchô !".

Venu au neuvième art sur le tard, Baru n’en est pas moins l’un de ses plus éminents représentants hexagonaux. En quarante ans de carrière, ce dessinateur et scénariste maintes fois primé aura d’abord mis en image le monde qui est le sien, celui des prolos purs et durs.