C'est l'histoire méconnue des Peaux-Rouges les plus riches d'Amérique. Des membres de la tribu des Osages d'Oklahoma que le pétrole a subitement transformés en citoyens fortunés dans les années 1920, avant qu'ils ne soient victimes d'une série suspecte de crimes irrésolus. Un fait divers authentique relaté par David Grann dans son roman "La Note américaine", que porte aujourd'hui à l'écran Martin Scorsese dans la tradition des vastes fresques dont il est devenu un spécialiste au cours des deux dernières décennies.

Un monument du cinéma qui se penche sur un monstre sacré du rock pour raconter une tournée de légende : il n'en fallait pas plus à notre dessinateur subjugué pour se laisser berner.

Triplement récompensée aux Oscars (pour "Raging Bull", "Aviator" et "Les Infiltrés"), la monteuse Thelma Schoonmaker met de l'ordre les sombres obsessions de Martin Scorsese avec constance et fidélité, depuis quarante ans. Quel est le secret de ce duo qui dure ? De passage à la Cinémathèque, où elle présentait une rétrospective de l'oeuvre de son mari, le cinéaste Michael Powell, Thelma Schoonmaker ouvre les clés d'une collaboration au long cours et déroule les anecdotes à tombeau ouvert.

Dans "Killers of the Flower Moon", situé dans l'Oklahoma des années 1920, Scorsese s'intéresse donc pour la première fois aux Indiens. Dans l'ensemble qui ouvre ce numéro, les articles de Vincent Malausa et Yal Sadat ainsi que l'entretien avec l'écrivain et scénariste David Grann sont suffisamment riches et précis pour que l'on s'arrête que sur un point : la façon dont la figure indienne est magnifiquement incarnée par Lily Gladstone, actrice née dans une réserve Blackfeet du Montana et qui interprète ici le rôle central de Molly, la femme Osage d'Ernest (Leonardo DiCaprio). Sommaire.

Etre la monteuse attitrée - et oscarisée pour "Raging Bull", "Aviator" et "Les Infiltrés" de Martin Scorsese suppose d'appartenir à une légende tout en restant dans l'ombre d'un auteur révéré aussi comme technicien, supervisant jusqu'aux derniers détails de la postproduction. Comment s'aménager sa propre marge créative ? Il faut d'ailleurs insister un peu auprès de Thelma Schoonmaker pour qu'elle parle comme de son propre travail des montages scorsesiens, alors qu'elle en est presque entièrement responsable (hors période seventies).

Boudée par les majors mais montée par Netflix, une vaste fresque sur la décrépitude où Scorsese inocule à ses motifs fétiches un goût de cendre.

Le retour de Scorsese au film de gangsters, De Niro, Pacino et Joe Pesci rajeunis numériquement, un budget monstre que seul Netflix pouvait se permettre... "The Irishman" sera l'un des films événements de la fin d'année. Son scénariste, le grand Steven Zaillian, détaille en avant-première les enjeux thématiques de ce projet fou.

Retour à la mafia, premier film avec De Niro en vingt-cinq ans, défi technique fou, durée monstre, transfert chez Netflix : "The Irishman" voit Martin Scorsese sonner la fin d'une ère, pour lui-même et une certaine idée du cinéma. "On n'a plus le temps", résume-t-il dans une interview crépusculaire.