Durant le Moyen-Âge, et singulièrement entre le IXè et le XIIè siècle, le diocèse de Liège semble avoir été un haut lieu de l'enseignement du droit et de la pratique juridique et judiciaire, lequel a probablement favorisé l'émergence de quelques innovations juridiques et législatives (Chartes des Franchises à Huy en 1066, la paix de Dieu en 1081 et la Paix de Fexhe en 1316). C'est également ce contexte intellectuel particulier qui explique une réception assez précoce du droit savant au tournant des premier et deuxième quarts du XIIè siècle.

À partir d’une mention passée inaperçue, bien qu’elle figure dans un document édité depuis quarante ans, l’article revient sur un sujet déjà passablement étudié : le cens d’or versé au profit de Cluny par Ferdinand Ier de Castille-León. Le texte est une charte donnée le 8 octobre 1062 pour enregistrer l’achat, par le monastère navarrais de San Salvador de Leire, d’une grotte située à proximité de Nájera. Les vendeurs, domna Toda et ses enfants, se séparent de ce bien pour s’acquitter d’une dépense dont ils sont redevables « pour l’or de Cluny » (per illo oro de Cluniaco).

Au XIIe-XIIIe siècle, l’écrit acquiert une importance juridique de plus en plus grande. Pour déjouer les falsifications, on utilise notamment le chirographe : un parchemin découpé au travers d’une devise en deux parties dont le rapprochement doit prouver l’authenticité. Mais l’usage de ce document va bien au-delà.