Quels enregistrements nous permettront de pénétrer la puissance émotionnelle de cette oeuvre testamentaire ?

Composé d’août 1937 à décembre 1938 pour le violoniste Zoltan Szekely, le concerto est créé le 23 mars 1939 à Amsterdam, avec son dédicataire en soliste et l’Orchestre du Concertgebouw sous la baguette de Willem Mengelberg. Notons qu’il sera numéroté second concerto seulement après la mort de Bartok, une fois découvert un concerto de jeunesse dédié à Stefi Geyer (transformé par son auteur en "Deux portraits pour orchestre").

Reconnu internationalement comme pianiste et compositeur (il rentre de tournées en Allemagne et aux Etats-Unis), Bartok travaille durant l'été 1928 à son Quatuor n° 4. L'oeuvre prolonge l'atmosphère tendue et onirique du n° 3 (1927), dont elle diffère, non par le langage, toujours violemment dissonant, mais dans la forme et le message expressif. Contre son habitude, le musicien hongrois entame l'écriture de ce nouveau quatuor sans avoir pu éprouver à l'audition le précédent.

Enraciné dans les traditions d'Europe centrale, Bartok fut pourtant une des plus inventives têtes chercheuses de la modernité musicale. Son message, quatre-vingts ans après sa mort, n'a rien perdu de sa force. Explorant tous les genres, il a offert à la postérité quantité de chefs-d'oeuvre à la forme et au langage d'une rare perfection. En voici quinze, jalonnant le parcours d'un créateur parmi les plus audacieux du siècle passé.