Fin des partis de masse, candidatures "hors structures", comme celles de Macron et de Zemmour, importance des réseaux sociaux dans le débat : la mayonnaise politique classique ne prend plus et fait place à des actions militantes plus concrètes. Et plus violentes.

Ce sont les nouveaux maîtres du jeu de cette campagne présidentielle hors normes, percutée par la guerre en Ukraine. Suivis par des millions d'abonnés, l'influenceuse Magali Berdah et le très populaire Cyril Hanouna sont devenus des interlocuteurs incontournables pour le candidats en quête de notoriété. Ovni dans l'écosystème médiatique des campagnes électorales, ils ont même imposé leurs codes aux émissions traditionnelles en quête de renouvellement. Au risque d'affaiblir le débat.

“Un adolescent pas fini”, “un mannequin en plastique” : en tenant ces propos blessants et outrageants à l’égard d’Emmanuel Macron, Eric Zemmour a renoué, non sans susciter un certain malaise, avec la pratique des pamphlétaires de la IIIe République. Ce type d’injure où “le désir de faire mal” le dispute à la volonté de “désintégrer l’adversaire” ne “passe plus très bien aujourd’hui, les médias et une partie de l’opinion se rangeant plus volontiers du côté de la victime”, observe l’historien Bruno Fuligni dans son "Petit dictionnaire des injures politiques de 1789 à nos jours".

Comment la parole politique peut-elle se remettre en mouvement et composer la chose publique ? Aujourd’hui, des muets s’adressent à des sourds. Le nouveau régime climatique impose de décrire les territoires dont nous dépendons avant de pouvoir débattre.

« L’existence est dans l’apparence », a dit l’écrivain mexicain José Agustín. Par là, il entendait dire la force de l’image et de la représentation dans notre univers. Comment la projection d’un être prenait le pas sur sa substance. Il ne savait pas, lorsqu’il écrivait cette petite phrase destinée aux jeunes dans les années 1970, que cette mécanique serait celle du monde politique latino-américain bien plus tard. La communication n’y est plus l’illustration de la politique, elle en est le coeur et l’ultime horizon. Elle donne le rythme et le sens des problèmes à régler.

Récit et réflexions sur l'omniprésence de Jair Bolsonaro dans l'opinion publique des Brésiliens.

Dans son intervention télévisée du 28 octobre 2020, le président de la République n’a utilisé qu’une seule fois le mot « vie ». C’était pour rappeler, si besoin en était, que la vie est désormais au-dessus de tout : « Rien n’est plus important que la vie humaine. » Tout était là pour rappeler que les décisions prises par l’exécutif depuis la mi-mars – et a fortiori les plus contraignantes : confinement, couvre-feu – sont vitales. Mais, à y regarder de plus près, n’est-ce pas plutôt de survie qu’il est question ?

"Gilets jaunes", pandémie et guerre ont conduit Emmanuel Macron à échafauder une rhétorique quasi paternaliste. Une vraie métamorphose idéologique pour celui qui, en 2017, ne jurait que par l'émancipation.

L'ex-journaliste du quotidien d'extrême droite "Présent", aux positions identitaires et anti-immigration très marquées, a pour rôle de pacifier les relations tendues de la candidate et du Rassemblement national avec les médias.

Arrivé à l'Elysée à l'été 2020, ce conseiller en communication devait redorer l'image, écornée par la crise des "gilets jaunes" et la pandémie, d'Emmanuel Macron, et apaiser ses relations avec la presse. En un an et demi, Clément Léonarduzzi est devenu un des membres les plus influents de l'entourage du chef de l'Etat et le principal stratège d'une campagne qui a mené à sa réélection.

Le 28 mars 2022, a débuté la campagne officielle pour l'élection présidentielle. un moment toujours un peu hors du temps où les boites aux lettres se remplissent de professions de foi, où les temps de parole sont calculés à la seconde près et où les candidats s'invitent à la télévision, entre le JT de 20h et le film du soir, dans des clips de campagne. Un drôle d'objet politique aujourd'hui en perla de vitesse, qui raconte pourtant beaucoup de choses. La preuve.