Toujours élevé dans les pays développés, l'endettement explose dans les économies émergentes. De quoi inquiéter les marchés.

Le 20 août 2018, la Grèce mettre fin à 8 années d'assistance financière, couplée à un plan d'austérité draconien. Elle dispose d'atouts pour retrouver son indépendance financière : un budget redevenu excédentaire, l'accès aux marchés financiers est facilité par la décrue des taux d'intérêt, etc. Mais la question de la soutenabilité de la dette reste entière. Elle s'élève à 320 milliards d'euros, soit 179% du PIB. Des détails. Données chiffrées.

La dette française frôle les 100 % du PIB. Et alors ? Ce n'est pas elle qui devrait nous inquiéter le plus. Plongée éclairante dans ses arcanes.

En révélant l'étendue du déficit grec, Andréas Georgiou est devenu « l'homme à abattre », attaqué en justice et cible des complotistes de tout poil. Dix ans après, cet austère statisticien a le sentiment d'avoir servi de bouc émissaire. Par

A cette question, "L'Obs" ouvre le débat et ses colonnes à Patrick Artus, économiste en chef de Natixis et à Agnès Bénassy-Quéré, professeur à l'université Paris-I Panthéon-Sorbonne et à l'Ecole d'Economie de Paris, également coprésidente du Conseil d'Analyse économique de 2012 à 2017. Pour le premier, c'est évident, "A l'échéance, l'Etat ne remboursera pas la dette". Pour la seconde, "On risque de rendre les finances publiques insoutenables". Avis croisés.

Certaines évidences dissimulent un laborieux travail de construction. Il y a cinquante ans, l'idée que les Etats devraient se financer sur les marchés en se pliant aux conditions fixées par des investisseurs soucieux de faire fructifier leur fortune aurait semblé saugrenue. Au fil des discours politiques et des analyses d'"experts" médiatiques, elle s'est néanmoins imposée comme naturelle. Sommaire. Victimes consentantes des marchés. L'Etat, un débiteur comme les autres ? Les marchés financiers ont un visage. Le vol du temps.

La dette n'est pas apparue avec la crise qui a balayé les pays européens à partir de 2010. Elle a ravagé les pays du Sud au cours des années 1980 et, à plusieurs reprises, facilité les efforts du "mur de l'argent" pour étouffer la gauche au cours du XXe siècle. Connus depuis l'Antiquité, ses méfaits avaient alors conduit à imaginer des solutions efficaces pour libérer la société du monstre qu'elle avait créé. Sommaire. « Amargi », ou l'ardoise effacée. Le Cartel des gauches se fracasse contre le « mur de l'argent ». Vive les « modernes » ! Qui a payé la dette soviétique ?

Lorsque éclate la crise des "subprime", en 2007, le système financier international semble sur le point de s'écrouler. Tout comme les Etats-Unis, les nations européennes interviennent pour préserver leurs banques : l'"argent magique" coule à flots. Quelques années plus tard, la dette privée des établissements financiers s'est muée en fardeau public : les banquiers ont été sauvés, les populations sacrifiées. Sommaire. Métamorphoses de la dette africaine. « L'Europe endettée reproduit nos erreurs ». « Leur seul objectif était de nous humilier ». Les remèdes toxiques à la crise financière.

Rembourser la dette relèverait d'une exigence morale et d'une nécessité économique. L'histoire montre toutefois que les professeurs de vertu d'aujourd'hui n'ont pas hésité, hier, à justifier le non-remboursement de certains emprunts. Quant à la crainte de ne plus avoir accès aux marchés financiers en cas d'annulation de certaines créances, elle omet qu'il existe d'autres façons de financer l'Etat. Sommaire. Y regarder de plus près. Les faibles paient, les autres négocient. Victorieuse effronterie argentine. Face aux marchés, le scénario d'un bras de fer.

Le budget pour 2021, présenté fin septembre 2020 par le gouvernement français, prévoit une augmentation importante du taux d'endettement de la France, qui devrait atteindre 116,2%, contre 98,1% en 2019, avant la survenue de la pandémie de Covid-19. Est-ce catastrophique ? Regards croisés des économistes Agnès Bénassy-Ouéré et Jézabel Couppey-Soubeyran. Peu de chiffres.