Le cinéma italien des années 1950-1970 reste un des grands moments du cinéma européen. Reprises, éditions de DVD et de Blu-ray, plateformes, chaînes câblées ne cessent d'y puiser, et les cinéphiles peuvent meubler leur isolement forcé en allant de découverte en découverte. Nous rassemblons ici des tendances qui donnent une idée juste de la diversité de cet âge d'or. Un témoignage et un texte sur Pier Paolo Pasolini, cinéaste intellectuel fasciné par la culture populaire.

Si l'objectif "lynchien" est entré un peu trop facilement dans le vocabulaire critique pour désigner une atmosphère indéfinissable, entre inquiétante étrangeté et onirisme diffus, comment aborder, loin des clichés, une oeuvre commencée il y a 50 ans sur grand écran et désormais poursuivie par les plateformes - un projet de série, "Wisterio", est annoncé sur Netflix pour la fin de l'année ?

Dans le cinéma d'Abbas Kiarostami, l'enfance a souvent ce visage inquiet ou affolé, intérieurement tiraillé, fondamentalement préoccupé, et l'on peut s'en rendre compte dès ses films réalisés au sein du Kanoun, part la moins exposée de son oeuvre que Potemkine a l'heureuse initiative de rassembler en coffret. Redécouvrir ces films dans les belles copies restaurées en 2018 suscite l'éblouissement.

Retour sur l'oeuvre de Bertrand Tavernier, mort le 25 mars à l'âge de 79 ans, à travers ce qui relie le plus directement sa cinéphilie insatiable et ses films inégaux : le dévouement aux aînés, l'amour des pères.

Lorsque Claude Ventura et Philippe Garnier interrogent Richard Fleischer en 1990 pour "Cinémas, Cinémas", ils essaient de comprendre pourquoi, dans les dernières années de sa carrière, Fleischer a accepté de "sauver" des films qu'il n'avait pas préparés, sans vraiment y arriver, tout en en tirant fierté. Et Fleischer de renchérir: "Bien sûr, je suis un professionnel." Ses mémoires, écrits en 1993 et publiés en français aujourd'hui, ne cessent de donner corps à cette profession de foi.

Visitées à l'occasion du numéro anniversaire des 70 ans des "Cahiers" le mois dernier, les coulisses de la création se sont révélées si peuplées qu'il faut ce mois-ci une suite à ce partage de documents sur des films en cours. Concentrées le plus souvent sur un stade donné du travail (écriture, tournage, montage), ces contributions prennent une forme très libre, de l'entretien au texte rédigé par le ou la cinéaste.

Le second rôle n'est pas un statut ou un "grade". C'est un mode singulier d'existence, de fonctionnement et de création. On est second, et c'est tout. C'est une humanité décentrée et en puissance, tour à tour hyperactive et absente. Un état second en effet, qui ne s'encombre pas des scrupules de la nuance ou de la psychologie. Jean-François Stévenin fut un très grand second rôle. Ce n'est pas par défaut ou accident : c'est une vocation et c'est pourquoi il fut aussi un cinéaste génial.

Avant de devenir le metteur en scène britannique de "Samedi soir, dimanche matin", "Morgan, La Maîtresse du lieutenant français" et "Les Guerriers de l'Enfer", Karel Reisz a été critique, dans les années 1950, à "Sequence" et à "Sight and Sound". C'est dans cette revue qu'il a publié, en janvier-mars 1952, le récit de cette rencontre avec John Huston.

Sidney Lumet était l'un des plus brillants représentants de la première génération de cinéastes formés par la télévision. Comme ses collègues Robert Mulligan, John Frankenheimer ou Franklin J. Schaffner, il fut souvent traité par certains avec mépris. C'est à l'honneur de "Positif" d'avoir senti très tôt ce que ces cinéastes apportaient de neuf et de décapant à un cinéma américain qui, à Hollywood, commençait son déclin. La revue est restée fidèle à Sidney Lumet.

Les rétrospectives du festival de Locarno et de la Cinémathèque française (jusqu'au 26 octobre 2022), l'ouvrage magistral de Bernard Eisenschitz "Douglas Sirk", né Detlef Sierck sont autant d'excellentes raisons de revenir sur un cinéaste admiré de longue date des cinéphiles en général et de "Positif" en particulier.

La Cinémathèque française propose ce mois-ci, une rétrospective Dino Risi. C'est l'aboutissement de la consécration d'un auteur qui fut, de son vivant, souvent négligé. Dans son propre pays, la critique de gauche, très influente, voyait dans la comédie italienne un dévoiement du néoréalisme et, conduite par Guido Aristarco, le bien nommé, rejetait les oeuvres de Germi, Monicelli, Lattuada, Comencini, Scola et Risi lui-même, du moins celles qui relevaient du comique. Elle refusait l'idée que le rire aidait à corriger les moeurs.

Outre le David Lynch rectiligne d'"Une histoire vraie", édité en UHD un quart de siècle après avoir pris tout le monde par surprise, d'autres auteurs célèbres ont un jour réalisé un film qui ne leur ressemblait pas. Mais pas tous avec la même réussite.