La crise qui secoue Islamabad est largement orchestrée par le gouvernement. Elle n'a qu'un but : détourner l'attention d'une opinion de plus en plus hostile au président Musharraf.

Imran Khan, légende du cricket et homme politique populaire au Pakistan, se voit déjà Premier ministre en 2013. Il l'affirme: la corruption sera éradiquée, l'extrémisme sera en déclin et l'économie se redressera. En fait, beaucoup au Pakistan pensent qu'il n'a pas une chance réelle de remporter les élections, encore moins de réaliser ces miracles postélectoraux.

Protégé par les puissances occidentales, M. Hamid Karzaï a été investi à Kaboul, le 19 novembre 2009. Après huit ans d'interventions étrangères, l'Afghanistan s'enfonce dans le chaos, entraînant dans la tourmente son voisin pakistanais. Singulièrement dans les zones tribales frontalières où les dégâts collatéraux des bombardements américains et le retrait de la puissance publique favorisent les extrémismes.

Alors que le général et ancien président Pervez Moucharraf est accusé de trahison pour avoir imposé l'état d'urgence en 2007, la Cour suprême du Pakistan lance ses filets tous azimuts. Mais, après avoir consolidé l'Etat de droit, elle s'arroge de plus en plus de prérogatives et inquiète les démocrates. Un jeu dangereux au moment où la cohésion nationale souffre des affrontements sectaires entre chiites et sunnites.

C'est la mort de son père, pendu par les militaires, qui lui avait forgé un destin politique. Benazir Bhutto venait de rentrer une nouvelle fois d'exil pour tenter de reprendre par les urnes ce pouvoir qui lui avait été à deux reprises confisqué.

C'est à contrecoeur que l'armée pakistanaise a entrepris, à la demande de Washington, de rétablir son autorité dans les zones tribales où les talibans afghans et les combattants de Ben Laden se déplacent à leur guise. Mais les multiples bavures des bombardements américains n'aident pas Islamabad à lutter contre l'influence croissante des partisans du djihad...

Incapable et corrompue, la classe politique pakistanaise est aujourd'hui totalement discréditée aux yeux d'une population en détresse. Le drame des inondations de l'été dernier va-t-il aboutir à l'instauration d'une nouvelle dictature militaire ?

Coincé entre les Américains - premiers bailleurs de fonds du pays -, les talibans, Al-Qaida et le tout-puissant establishment militaire, le vainqueur des élections a un formidable défi devant lui: transformer la poudrière pakistanaise en un facteur de paix et de stabilité. En a-t-il les moyens ?

L'attentat, le 20 septembre 2008 à Islamabad, a provoqué la mort de plus de 50 personnes.