La plus grande visibilité des luttes autochtones partout sur la planète s'accompagne d'une présence accrue des artistes indigènes dans le monde de l'art. En témoigne, par exemple à New York, la commande récente par le Metropolitan Museum, pour son hall principal, de peintures monumentales à Kent Monkman, dont l'oeuvre met l'histoire de la peinture européenne et les récits coloniaux cul par-dessus tête.

Dans un nouveau livre majeur sur "Les formes du visible", Philippe Descola propose différentes manières de figurer et d’habiter le monde à partir d’une approche classificatoire rigoureuse qui fait suite à son exposition « La fabrique des images » et qui constitue comme un prolongement de "Par-delà nature et culture". Au cours de cet entretien, il s’explique sur son projet et notamment sur l’apport du christianisme au « naturalisme ».

Philippe Descola a publié un livre majeur, "Les formes du sensible, une anthropologie de la figuration" (Seuil, 2021), dont nous avons salué l’ampleur, tant dans le sujet, envisager les formes de figuration à l’échelle mondiale, que dans l’ambition, proposer une approche classificatoire rigoureuse permettant d’approcher l’ensemble des pratiques humaines. Une entreprise aussi importante va évidemment rencontrer beaucoup de lecteurs différents et susciter des discussions de fond.

Khvay Samnang est un passeur-conteur : essentiellement avec des performances et des vidéos, l'artiste cambodgien incarne de façon poétique les destins de communautés de son pays, minorités isolées ou populations marginalisées par les récents bouleversements économiques. Son travail relie en profondeur la nature, polluée, menacée, mais aussi spirituelle et sacrée, et une culture devenue source de conflits et de déshumanisation. Il participe cette année à Documenta 14 à Athènes et Cassel.

Aurélie Ferruel (née en 1988) et Florentine Guédon (née en 1990) mènent un travail commun depuis 2010. A partir de la vidéo, de la performance, de la broderie ou de la sculpture, leurs oeuvres offrent une réflexion sur des micro-sociétés. Les deux artistes s'approprient des rituels, des gestes, des costumes, des objets. La transmission et la transformation de ces traditions sont au coeur de leur pratique profondément anthropologique.

La création et la créativité ne datent pas d'hier : notre espèce pratique la sublimation artistique depuis la nuit des temps. Elle serait même indispensable à sa survie, nous dit le paléoanthropologue Pascal Picq qui tisse des liens entre les arts préhistoriques et contemporains dans son nouveau livre, "Manifeste intemporel des arts de la préhistoire".