C'est lorsque le jeune Haydn est promu maître de chapelle du prince Nicolas Esterházy qu'il compose sa Missa Cellensis, une oeuvre aux vastes proportions dont les nombreuses copies conservées témoignent de sa popularité. Dans cette interprétation tout en contraste, le RIAS Kammerchor et l'Akademie für Alte Musik confirment leur aptitude extraordinaire à révéler chaque subtilité d'une composition aux ressorts quasi opératiques ! (Electre)

Venise, juillet 1603 : Giovanni Croce, dit "il Chiozzotto", prêtre à l'église de Santa Maria Formosa, est nommé Maître de Chapelle de la basilique Saint Marc, l'un des postes les plus prestigieux de la vie musicale de l'époque. Une biographie controversée, dont bien des aspects n'ont pas encore été élucidés, ainsi qu'une production musicale d'excellente qualité, contribuent au charme de ce compositeur originaire de Chioggia, dont l'activité reste encore aujourd'hui dans l'ombre de ses célèbres successeurs. Giovanni Croce s'avère être une extraordinaire figure à michemin entre l'école vénitienne conservatrice de Gioseffo Zarlino et le modernisme de Claudio Monteverdi. Dans sa musique, il utilise magistralement le double choeur et les effets spéciaux comme l'écho en réponse, tout en gardant, dans son contrepoint d'une belle transparence, un lien avec la polyphonie traditionnelle. Deux jeunes ensembles suisses d'exception, l'ensemble vocal Voces Suaves et l'ensemble instrumental Concerto Scirocco, se réunissent dans le cadre de la Basilique palatine de Santa Barbara à Mantoue, bénéficiant de l'orgue Antegnati, instrument exceptionnel construit en 1565, pour honorer la figure de Giovanni Croce et ses contemporains, en nous faisant découvrir l'activité musicale glorieuse de la Basilique Saint Marc. (Electre)

Aussi fascinants que soient les Templiers, peu de manuscrits liés aux activités musicales de cet ordre ont survécu. Cependant, en archéologue tout aussi passionné que passionnant, Marcel Pérès et son Ensemble Organum ont su restituer le plus ancien d'entre eux : un document rare du milieu du XIIe siècle provenant de la basilique du Saint-Sépulcre de Jérusalem où l'ordre du Temple et celui des Hospitaliers établirent les fondements de leur spiritualité.

Après plusieurs disques chez Ricercar et un premier disque chez Alpha, Actus Tragicus, consacré aux cantates de jeunesse de Bach, "d'une profondeur, d'une pureté et d'une beauté sidérantes" (ffff Télérama), Lionel Meunier et son ensemble Vox Luminis consacrent ce projet à deux pièces de démonstration de Händel et de Bach. Nés tous deux en 1685, le premier fait en 1707 le voyage d'Italie et impressionne fortement Rome lors de la création de son Dixit Dominus, tandis que le second fait entre 1723 et 1732-35 la preuve de tout son talent de compositeur dans le Magnificat. Deux ouvres au cour du répertoire de l'ensemble belge, ici encore vocal et instrumental, rompu à la rhétorique baroque, aussi bien dans le style que dans l'expression. (Electre)

Ce quatrième volume de la série couvre la dernière période de la prodigieuse activité de Lassus, maître de chapelle d'Albert V duc de Bavière ; elle débute à la mort de ce dernier en 1579 et donc à l'accession au trône de son fils Guillaume, pour se terminer à la mort du compositeur en 1594, sans que la vieillesse et à peine la maladie aient interrompu une longue liste de chefs d'oeuvre. Une exception a été faite au principe des inédits au disque qui caractérise cette collection, pour terminer cette biographie par le motet Musica Dei donum optimi paru l'année même de sa mort, splendide hommage à la musique qui aura gouverné, avec quelle puissance et quelle variété, toute l'existence de ce grand nom de la Renaissance.

Avec Affetti amorosi, Damien Guillon nous offre un éblouissant bouquet de pièces vocales, écrites entre 1615 et 1630, alors que Girolamo Frescobaldi est devenu un compositeur culte à Rome. Cet enregistrement est riche de ses contrastes puisqu'on y chante l'amour humain autant que divin, et le contre-ténor Damien Guillon s'entoure pour cela des autres talents vocaux du Banquet Céleste : la soprano Céline Scheen, le ténor Thomas Hobbs et la basse Benoît Arnould. Les deux des sonnets spirituels particulièrement émouvants de Frescobaldi, Maddalena alla croce et Ohimè che fur, et puis O Carta Amorosa, la lettre amoureuse, sont les formes vocales les plus appréciées du premier Baroque. Les voix sont accompagnées par le luth, la harpe, le violoncelle et le clavecín, joués par les membres du Banquet Céleste. (Electre)

Geoffroy Jourdain et Les Cris de Paris nous font ici découvrir une facette méconnue de l'Orphée de Dresde : ses oeuvres inspirées par l'Italie, et plus particulièrement par Venise, où il fut un proche de Gabrieli. Au gré de ces pages où le sacré et le profane se rejoignent et où alternent tous les formats musicaux, c'est un Schutz lumineux, solaire même, et riche de mille et une couleurs qui se donne ici à découvrir.