Dans ce texte issu d'une communication lors d'un séminaire de recherche, l'auteur souligne d'abord la rupture politique que constitue le tournant de mars 1983, du fait d'une "inversion des priorités" en matière de politique économique. Il s'attache à définir des continuités fortes entre la politique menée à la fin des années 1970 et celle des années 1980, et offre de nouveaux découpages chronologiques.

Cet article interroge l'idée d'une conversion précoce et résolue des élites socialistes françaises aux charmes du néolibéralisme au début des années 1980. François Mitterrand endosserait-il les habits de Ronald Reagan en mars 1983, tandis que Pierre Mauroy ferait du néolibéralisme sans le savoir ? L'examen des archives de la présidence de la République et de Matignon révèle le caractère néolibéral extrêmement discret, pour ne pas dire introuvable, de la politique économique socialiste.

Héritiers de la mouvance écologiste des années 1970, les Verts, fondés en 1984, refusent originellement de prendre position sur l'axe gauche-droite. Celui-ci est en effet perçu comme suranné, en dépit même de l'origine politique d'un nombre important de responsables écologistes, passés par des organisations de gauche, en particulier par le PSU, dans la décennie précédente.

Encore largement présent dans les mémoires contemporaines, le conflit Mitterrand-Rocard continue encore de nos jours à servir de référent dans le débat politique et dans le commentaire médiatique. Amorcé dès les années 1960, ce duel entre ces deux personnalités du socialisme se fonde beaucoup plus que sur des distinctions idéologiques, sur des rapports de forces politiques pour la conquête du pouvoir, à l’intérieur du PS, mais aussi à la tête de l’Etat.

L’ancien président français François Mitterrand a été à la fois critiqué et encensé pour sa gestion de la crise de mars 1983, qui a marqué le point culminant du « tournant de la rigueur » durant son premier mandat. Lui est reproché, d’une part, son indécision, car il lui a fallu plus d’une semaine pour décider quoi faire de la monnaie française et de son gouvernement après l’échec subi aux précédentes élections municipales.