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Liberté pour l’histoire de la France féodale !

01 janvier 2024
Numéros de page :
11 p. / p. 177-187 : ill. en coul.
Mise en cause par mon article de 2023, la théorie du dominium ecclésial se défend mal. Les « réponses » de M. Lauwers et F. Mazel n’en sont pas vraiment, puisqu’ils ne paraissent pas se préoccuper du biais documentaire évoqué et n’acceptent pas de revenir sur leur lecture ou leur exploitation des chartes d’abbayes liégeoises ou des notices de Saint-Victor de Marseille, sur laquelle repose pourtant, tel un château de cartes, le « projet intellectuel » de la Nouvelle Histoire du Moyen Âge. Je me souviens d’avoir lu sous la plume de J. Bouvier, aux années 1970 dans un polycopié, que la théorie marxiste pouvait s’enrichir grâce aux objections d’historiens non marxistes. Ici, rien de tel. La doctrine nous est exposée à nouveau par M. Lauwers, d’une manière monolithique, qui fait immanquablement penser à quelques lignes d’H.I. Marrou. Avec une théorie initiale, notait-il, « on risque d’oublier l’existence de ce qu’on avait décidé de ne pas regarder ; la théorie est comme un projecteur dont le mince pinceau lumineux fouille le réel et illumine violemment les objets qui se présentent à lui sous un jour favorable, rejetant par contraste le reste dans une obscurité totale. » D’autre part, au lieu de tenter de démontrer les assertions qui me paraissent faire problème, on me fait une sorte de procès de mes prétendues pétitions de principe (croyance à l’autonomie du religieux, rejet des sciences sociales, etc.) et on imagine une « opération concertée » avec P. Henriet, alors qu’il n’y avait eu aucune concertation initiale entre nous…