L'objectif de Sarkozy : ringardiser Chirac et lui brûler la politesse pour faire entériner sa candidature à la présidentielle par les militants. C'est la stratégie de l'empêchement. Celle du président : étouffer son adversaire pour mieux rester maître du temps.

Après l'affrontement sur la guerre en Irak, les deux présidents ont fini par se rapprocher, notamment autour de positions convergentes sur les dossiers ivoirien, syrien et israélo-palestinien. Ils dîneront lundi en tête à tête à Bruxelles. Mais ces retrouvailles résisteront-elles à la querelle qui s'annonce sur la question de l'atome iranien ?

Si le gouvernement, à force de reculades et d'incohérences, a fini par perdre tout crédit, c'est bien que le chef de l'Etat qui appararaît comme le premier responsable de ce naufrage collectif.

Il leur avait promis de soigner la France du cancer du chômage et de la pauvreté. Dix ans plus tard, les inégalités se sont encore creusées. Nous avons retrouvé les Français que le candidat Chirac avait rencontrés en 1995.

Bataille de chiffonniers au sommet de l'Etat. Un ministre de l'Intérieur qui, "sur commande" de l'Elysée, annonce le départ du Premier ministre quel que soit le résultat du référendum.

Comment faire la fête quand le bilan est si maigre ? Pour célébrer ses dix ans à la tête de l'Etat, Chirac, prudent, a choisi de... ne rien faire.

Chirac n'a cessé de ruser avec la France et les Français. Depuis qu'il est à l'Elysée, on l'a vu, tantôt "libéral", tantôt "social", changer d'opinion au gré des majorités de circonstance.

L'hospitalisation du président change la donne. Déjà très affaibli politiquement après l'échec du référendum, il est rattrapé par son âge, 75 ans en 2007, et voit mal, jusque chez ses proches, comment il pourrait briguer un troisième mandat.

Pour parler des banlieues, Chirac a retrouvé lundi le registre et les accents qu'il affectionne. Reste, comme il l'a dit lui-même, à accorder les actes aux paroles.

A l'occasion des traditionnelles cérémonies de voeux, le président s'est livré à un festival d'annonces et de propositions. Avec un double objectif : barrer la route à Sarkozy et tenter de laisser une trace positive.

Jacques Chirac espérait désamorcer la contestation. Son bricolage juridique n'a fait que précipiter sa dégringolade dans l'opinion. Pis, il est arrivé à ce qu'il voulait éviter à tout prix : donner les clés à Sarkozy !

Cabochard, indécis et cynique. C'est un portrait impitoyable que dresse le journaliste Franz-Olivier Giesbert du chef de l'Etat. Celui d'un homme désabusé qui mène le pays à sa ruine.