Clinicien truculent des pulsions sexuelles débridées, Philip Roth sait aussi danser avec la mort. Son génie macabre triomphe dans son dernier cycle ″Nemesis″, quatre variations d'humour noir.

Ewan McGregor, l'Obi-Wan Kenobi de "Star Wars", a osé porter au cinéma "Pastorale américaine", le prix Pulitzer 1998. Il s'explique.

Tragédie humaine féroce, ce roman magistral inaugure les années 2000 en chargeant son époque sclérosée par le puritanisme et le politiquement correct. Succès critique et public, il fait accéder, tardivement, un écrivain souvent chahuté au panthéon de la littérature américaine.

Une fois encore, le prix Nobel lui a échappé. Mais cela n'empêche pas l'écrivain américain d'être considéré comme l'un des plus grands auteurs vivants. En France, où vient de sortir ″Némésis″ - qui pourrait être son dernier roman -, il s'amuse d'être ″sanctifié″. Aux Etats-Unis, c'est une autre histoire, faite de controverses et de malentendus avec lesquels il n'a cessé de jouer. A 79 ans, l'auteur de ″La tache″ revient sur une oeuvre multiple. A son image.

Depuis plusieurs années, plutôt que d'écrire de la fiction, Roth en lisait. à petites doses et assez lentement. Il nageait aussi, tous les jours ou presque. Plaisir pris à fendre l'eau des bassins, à enchaîner les longueurs ; revanche d'un corps trop longtemps rivé à la table de travail, d'un dos rompu par les cadences infernales qu'imposent les travaux forcés de l'écriture.

Retour sur la vie et l'oeuvre de Philip Roth à l'occasion de sa mort le 22 mai 2018 à New York

Avec Exit le fantôme, Philip Roth signe un bouleversant portrait de son héros récurrent en homme vieillissant et malade. Et une charge contre notre société marchande, indifférente à l'art.

Le nouveau roman de Philip Roth imagine ce que seraient devenus les Etats-Unis si Charles Lindbergh, partisan déclaré de Hitler, avait été élu à la place de Roosevelt en 1940.

Philip Roth n'a pas fini de nous surprendre. Depuis la parution de sa trilogie - "Pastorale américaine", "J'ai épousé un communiste", "La Tache" - on savait son intérêt pour l'histoire des Etats-Unis au vingtième siècle. Ces trois romans se référaient à des événements réels connus de tous. Son dernier livre, "Le complot contre l'Amérique", en revanche, met l'histoire au conditionnel.

L'auteur de "Portnoy et son complexe" n'en finit pas d'interroger son pays. Avec "Pastorale américaine" il fait ce diagnostic : l'Amérique ne guérira jamais du poison que la guerre a instillé dans ses veines...