Entrer en histoire de France, c'est pénétrer tremblant en un édifice sacré. Un saint des saints où trônent tant d'idoles : Vercingétorix, Clovis, Jeanne d'Arc, Louis XIV, Napoléon... Un lieu où l'on communie autour de la grandeur intemporelle de ces événements qui ont fait la France, de la bataille de Poitiers à Mai 68. Le temple est-il intouchable ? La question est lourde de batailles médiatiques. D'un côté, les défenseurs d'une histoire identitaire, articulée autour de dates clés et de grandes figures. Les plus connus sont des essayistes (Jean Sévillia, Dimitri Casali, Lorànt Deutsch... ).

L’exposition « Pharaons superstars » analyse comment certains rois et reines de l’Égypte ancienne sont aujourd’hui de véritables vedettes, tandis que d’autres, pourtant très méritants et particulièrement respectés à leur époque, n’ont d’existence que pour les seuls spécialistes. Entre histoire et mythe, ce parcours de l’Égypte prédynastique à nos jours, sur 5 000 ans, permet de découvrir la notoriété posthume de ces quelques pharaons, de s’interroger sur la nature de la célébrité et de constater que la renommée est éphémère, versatile et n’a pas toujours de lien avec le mérite historique.

Trop longtemps ignoré en France, cet artiste possède pourtant une large palette de sujets : portraits, paysages, peintures d’histoire...

La tendance à rejouer le passé pour mieux ressourcer le présent traduit plus un déplacement qu'une mutation radicale de la conscience historique. Le régime moderne d'historicité reposait tout entier sur la conviction du « caractère disponible de l'histoire ». Mais la nécessité des faits établis se plie, de plus en plus, aux hypothèses d'une raison théorique fertile en récits alternatifs et autres "what if histories".

Cet article propose d’interroger la question des éventuelles sources littéraires de l’histoire de la Shoah en revenant sur les premières entreprises de publication de poèmes des camps et des ghettos, en Pologne, au lendemain de la guerre. Ces premières entreprises incitent à changer l’approche habituelle de la littérature comme témoignage et à s’intéresser plutôt au recours à l’écriture, et en particulier à la littérature, comme un fait spécifique de l’histoire de la Shoah. L’itinéraire de Michel Borwicz, poète résistant et rescapé devenu historien, sert de point d’appui à la démonstration.

Que peuvent nous apprendre les journaux intimes des responsables nazis ? Au-delà de ce qu’ils révèlent du for intérieur, ils dessinent une certaine lecture des événements historiques, de la prise du pouvoir à la dictature national-socialiste.

A quelles conditions la microhistoire peut-elle s’extraire de la singularité de ses objets ? Cet article aborde la question à la lumière du cas « exceptionnel » (au sens où il est « hors-série ») de policiers français sabotant l’arrestation collective de juifs étrangers pendant la Seconde Guerre mondiale. La microhistoire construit l’exception comme un « fait empirique total » en rendant possible le descriptif des systèmes d’action dans lesquels les acteurs sont insérés et l’analyse des effets d’interaction propres à ces systèmes selon la conjoncture.

Complotisme, confrontation au présent, incarnation au-delà des statistiques : quels sont les enjeux de l'enseignement de l'histoire de la Shoah?

Les lettres de Chantaume, publiées en 1856 à son retour de la guerre de Crimée, relèvent du même « droit de raconter » qu’évoque Michel Foucault à propos des mémoires de Pierre Rivière. Tâtonnant dans l’écriture, propagandiste dans le propos, elles composent une écriture populaire de soi.

Chaque mois, un chercheur, une chercheuse, nous raconte sa thèse sans jargonner... Alors que sort, sur Canal+, la série "Marie-Antoinette", l'historien Hugo Orain, qui a étudié le traitement de la Révolution française au cinéma, à la télévision, et dans les jeux vidéo depuis les années 2000, revient sur ses travaux.

Les écrits de François Hartog ont vite pris une double direction. Tout d’abord, celle de la Grèce, qui est l’orientation naturelle de l’helléniste proche de Jean-Pierre Vernant et de Pierre Vidal-Naquet ; ensuite, celle qui porte sur les "régimes d’historicité" – une thématique qui ne surprend pas de la part d’un ami de Michel de Certeau –, plus particulièrement sur le "présentisme", considéré comme l’expérience du temps des contemporains. Reste à savoir si celle-ci peut être dépassée ou non, si un autre régime d’historicité se met en place aujourd’hui.

Toute société humaine vit au milieu des traces matérielles de celles qui l’ont précédée, que ces traces soient peu apparentes, ou au contraire bien visibles – et dans ce cas on parlera de « ruines ». Avec ces ruines, chaque société a, ou a eu, des rapports très variables. C’est ce que vient de nous rappeler l’archéologue helléniste Alain Schnapp, dans une monumentale "Histoire universelle des ruines, des origines aux Lumières", qui balaie le rapport au passé matérialisé de la plupart des civilisations qui s’y sont confrontées.