Pour son troisième long métrage, après le singulier documentaire "Retour à Kotelnitch" (2003) et l'adaptation tardive de son propre roman - jugé inadaptable - "La Moustache" (2005), Emmanuel Carrère mêle réel et fiction en adaptant l'ouvrage retentissant de Florence Aubenas, "Le Quai de Ouistreham". Le projet porté par la volonté de Juliette Binoche permet au romancier cinéaste de s'approprier le sujet, en y greffant un des thèmes récurrents de son oeuvre romanesque : la mise en abyme de la création elle-même.

Longtemps, Je n'ai pas lu Emmanuel Carrère. Je trouvais ses sujets dissuasifs : une indémêlable affaire de rasage ("La Moustache", 1986), une sombre histoire de tueur ("La Classe de neige", 1995), un fait divers glauque ("L'Adversaire", 2000), une enquête en Russie profonde ("Un roman russe", 2007), un portrait d'écrivain proto fasciste ("Limonov", 2011 ), ou encore la dépression de l'auteur lui-même, déclinée en deux thèmes : le christianisme ("Le Royaume", 2014) et la méditation ("Yoga", 2020). Sujets dissuasifs, disais-je.

En 2017, Emmanuel Carrère était diagnostiqué bipolaire et hospitalisé pendant quatre mois à l'hôpital Sainte-Anne. Trois ans plus tard, il en tire un livre, "Yoga", qui est l'histoire de cette dépression -mais aussi de bien d'autres choses- et qui permet de s'interroger avec lui sur le rapport à la politique, à la fiction, à la famille, au sexe. Bref, à la vie.

Pour adapter le récit de Florence Aubenas, immersion d'une journaliste parmi les travailleurs précaires, Emmanuel Carrère a entouré Juliette Binoche d'une poignée d'acteurs non professionnels.

A l'affiche de "Ouistreham", l'adaptation par Emmanuel Carrère du célèbre livre-enquête de Florence Aubenas, il y a Juliette Binoche. Mais aussi - et peut-être surtout -, grâce au hasard d'un casting sauvage, Hélène Lambert. C'est peu dire qu'à 34 ans, cette mère de quatre enfants, elle-même ex-agente d'entretien et qui a écumé les boîtes d'intérim, crève l'écran.

Avec "Limonov. La ballade", tiré du livre d'Emmanuel Carrère, Kirill Serebrennikov fait le portrait flamboyant d'un antihéros russe.

L'écrivain revient avec "Yoga". Un récit dingue, aussi drôle que féroce, sur fond de méditation et de dépression. La sienne. Electrochocs, "noble silence", mais aussi sexe et Houellebecq. Il s'est confié au "Point".

C'est l'histoire conjugo-éditoriale de la rentrée. Hélène Devynck veut garder la main sur son "personnage" dans les livres de son ex-mari. L'objet de son courroux : "Yoga" - et un contrat qu'elle juge non respecté.