Après avoir permis aux spectateurs français de redécouvrir la sémillante Ninon Sevilla (voir no 761-762, p. 160), Les Films du Camélia proposent un programme de quatre films "noirs". Les guillemets indiquent une relative réserve concernant l'un d'entre eux, ce qui n'entraîne de ma part aucune censure : l'épithète a fait suffisamment couler d'encre pour que l'on puisse s'en saisir, surtout à des fins de regroupement.

A la fin des années 1990, David Fincher imprimait à la nuit du cinéma américain une nouvelle stylisation de film noir mêlée de réalisme, avec une obsession pour la lumière naturelle. Quelques années plus tard, les nouvelles technologies de captation numérique ont fini par imposer cette vision comme un nouveau dogme. En 2003, au moment de la sortie de "Collateral" de Michael Mann, où les rues de Los Angeles se prolongeaient à perte de vue avec le seul éclairage des lampadaires, le numérique a fait de la nuit un sujet esthétique majeur.

"L'Emprise" de John Cromwell (1934), "L'Évadée" d'Arthur Ripley (1945), "La Rue rouge" de Fritz Lang (1946), "Le Piège" d'André De Toth (1948). Ce quatuor de ressorties par le même distributeur, Les Films du Camélia, n'a pas la prétention de donner une définition du film noir ; chaque film diffuse sa noirceur de biais, loin des chefs-d'oeuvre du genre et même de ses propres modèles.

Rencontre avec le petit prince de l'Arkansas, auteur de "Take Shelter"," Mud" ou "The Bikeriders". Un pied à Hollywood, l'autre dans son imaginaire, le cinéaste livre ses secrets.

Incorruptible justicier, sex-symbol tartignole, cow-boy renégat ou homme-poisson pilote de catamarans, l'insubmersible Kevin Costner n'a cessé de courir après une certaine idée de l'héroïsme à l'américaine, sans craindre les échecs - parfois colossaux - ou les procès en ringardise. Désormais aux prises avec sa saga "Horizon", énième projet plus gros que le ventre dont Hollywood ne sait quoi faire, l'éphémère roi du box-office aura été boudé par quasiment tous les grands cinéastes de son temps. La faute à un caractère réputé ingérable ?

Vecteur par excellence du soft power américain, le cinéma entretient une relation ambiguë avec l'industrie pétrolière, l'un des piliers de la puissance américaine au XXe siècle. Si les narrations hollywoodiennes sont traditionnellement hostiles au capitalisme sauvage et aux patrons prévaricateurs, le cinéma a pu présenter sous un jour favorable cette ressource providentielle pour les États-Unis, à l'image de ce pétrole jaillissant des puits que les personnages reçoivent comme une onction.

Dix ans après la fin du cauchemar judiciaire qui fit de lui un paria d'Hollywood, comment va John McTïernan ? Sa présence au jury du Festival international du film fantastique de Neuchâtel fut l'occasion de renouer le dialogue avec le robuste survivant de 72 ans, qui nous ouvrait en 2013 les portes de son ranch du Wyoming (voir "Cahiers" no 690).

Son "Anora", comédie débridée sur une strip-teaseuse new-yorkaise en vadrouille avec le fils d'un oligarque russe, lui a valu la palme d'or à Cannes. Rencontre avec un cinéaste inspiré par les éclopés de l'American Dream

"Le pire n'est jamais décevant", lance un Bernard Tapie hagard à Pierre Arditi dans "Hommes, femmes : mode d'emploi". Ce haïku bien senti, John G. Wilson et Maureen Murphy en ont fait leur affaire. Depuis 40 ans, leurs Razzie Awards récompensent le pire (et parfois le meilleur) du cinéma U.S., des nanars stéroïdés de Stallone aux sorties de route de De Palma ou Cimino. Comme un pied de nez aux Oscars et à leur morgue, la cérémonie fait trembler les studios avec un goût assumé pour la farce. John et Mo sortent l'artillerie lourde.

"Positif" livre l'analyse que le réalisateur Paul Schrader fit dans un article du "Los Angeles Free Press" paru le 25 juillet 1969 à propos d'"Easy Rider".

À la fin des années 1950, deux jeunes Californiens étudiant à la Pasadena Playhouse School of Theatre Arts et partageant la même chambre reçurent l'appréciation suivante : "Least likely to succeed" ("les moins susceptibles de réussir"). Ils s'appelaient Gene Hackman et Dustin Hoffman... On en sourit aujourd'hui. Cependant, la voie suivie par Hackman vers le métier de comédien fut sinueuse. Admirateur d'Errol Flynn, de James Cagney puis de Marlon Brando, il dût être patient pour voir les portes d'Hollywood s'ouvrir.