Les exégètes de l'oeuvre de Pedro Almodovar célèbrent à l'envi le soin que le cinéaste porte aux décors de ses films. Les objets, les sculptures, les affiches de films, les posters, les tableaux placés dans les appartements et les maisons de ses personnages ne sont pas choisis1 simplement en raison de leurs qualités esthétiques intrinsèques.

De la peinture de caches (matte painting) à la direction artistique des effets spéciaux, de l'analogique au numérique, Michael Pangrazio, invité d'honneur du PIDS d'Enghien-les-Bains, a oeuvré pendant quarante ans à la création de décors à la fois grandioses et discrets, dérobant à l'oeil, dans le creux de leur réalisme, les mystères de leurs rouages. Le paradoxe d'une peinture en trompe-l'oeil lovée dans le mouvement des images, d'une 2D capable d'étendre le décor jusqu'à la ligne d'horizon recoupe ceux du secteur des effets spéciaux aujourd'hui menacé par le formatage.