La "robinsonnade" est un thème majeur de la littérature d'aventures. Les récits en forme d'utopie qu'il a inspiré sont autant de réflexions sur la nature humaine, le rapport de l'individu avec autrui, les bienfaits et les méfaits de la civilisation. Un choix de textes présentés et argumentés de façon thématique.

Jeté sur une terre vierge de toute présence humaine, Robinson solitaire, inventeur de génie et jardinier obstiné, y poursuit un double but : transformer l’île, en s’efforçant d’y reconstruire son monde antérieur ; se transformer lui-même, grâce à l’épreuve du dénuement et à l’ascèse de la solitude. Robinson, héros mythique par excellence, échappe immédiatement à Defoe, son auteur, en donnant naissance à la robinsonnade.

4ème de couv. : "Depuis Daniel Defoe et son Robinson Crusoé, le personnage du naufragé solitaire a inspiré bien des écrivains. Chacun à sa manière a réinventé l'aventure du naufrage, de la survie sur une île déserte, de la rencontre avec Vendredi, de la solitude, du conflit entre la nature et la civilisation. Rassemblant des textes d'horizons variés et de nombreux documents iconographiques, cette anthologie propose de découvrir le genre de la robinsonnade. Elle invite à étudier ses motifs et ses procédés narratifs au fil des siècles."

Grand classique de la littérature publié en 1719, Robinson Crusoé, de Daniel Defoe, est un des premiers romans d'aventures : sur une île inhabitée à l'embouchure de l'Orénoque, près des côtes vénézuéliennes, Robinson, qui a fait naufrage, vit vingt-huit années aux côtés d'un « sauvage » nommé Vendredi. Jean-Jacques Rousseau le considéra comme un livre d'éducation. Dans sa postérité littéraire, il est devenu un mythe. Qu'en font Jean-Jacques Rousseau dans l'Émile (1762), J.H. Campe dans Le Nouveau Robinson, J.D. Wyss dans Le Robinson suisse mais encore Jules Verne quand ils assument la transformation du mythe dans la modernité scientifique et technique ? Que déconstruisent, au XXe siècle, en en subvertissant les valeurs initiales, Jean Giraudoux (Suzanne et le Pacifique), Michel Tournier (Vendredi ou les limbes du Pacifique), J.M. Coetzee (Foe) ou encore William Golding ? Alain Vergnioux s'emploie ici à analyser ces réécritures qui sont parmi les plus significatives. La littérature transforme le récit en mythe. Elle est le témoin de premier plan des paradoxes et des métamorphoses de l'itinéraire littéraire qui, au fil du temps, a réécrit les rapports entre sauvagerie, identité et altérité. Ou comment un roman de formation est aussi l'incessante déformation d'une mythique origine.